Bata-Moussey(54) : 6 millions pour le PDG licencieur, 35 millions pour les 526 licenciés...14/12/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/12/une-1743.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C164%2C225_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Bata-Moussey(54) : 6 millions pour le PDG licencieur, 35 millions pour les 526 licenciés...

Jeudi 6 décembre, près de 200 travailleurs de Bata sont allés rendre visite à des magasins Bata des quartiers chics de Paris. On aurait dit qu'une tornade s'était abattue sur ces magasins. Car si Bata veut nous empêcher de travailler, on ne voit aucune raison de laisser le groupe continuer à vendre en faisant de superprofits. Une quinzaine d'entre nous ont été embarqués au poste de police, parce que, même sous un gouvernement de gauche, c'est un crime d'empêcher une multinationale de vendre, mais c'est tout à fait normal de priver de leur gagne-pain 526 travailleurs.

Mardi 11, nous étions près de 100 à Metz lors d'une séance du tribunal de commerce qui étudiait la demande d'annulation du plan de reprise déposé par les avocats du Comité d'entreprise (CE). Le plan prévoit la reprise de 268 salariés et le licenciement de 526 autres. Les CRS étaient présents en force à Metz, autant devant le tribunal que devant les magasins Bata du centre-ville.

Un accord pour blanchir Bata

De plus, la veille, l'avocat du CE de Bata découvrait l'existence au greffe du tribunal de commerce d'un accord secret négocié fin novembre entre Bata, les administrateurs judiciaires, le représentant des créanciers et le juge commissaire. Cet accord prévoyait que le groupe Bata verserait 35 millions au repreneur, 35 millions de francs pour financer le " plan social " et 3 millions pour apurer les dettes... en échange de l'impunité pour les représentants du groupe en cas de découverte de fautes de gestion. Selon l'avocat, " cette transaction s'est déroulée en présence du procureur ". C'est dire que les pouvoirs publics couvrent totalement Bata. Et c'est d'autant plus scandaleux que de nombreux rapports ont dénoncé la gestion de Bata qui mériterait - même d'après les lois actuelles - de nombreuses condamnations pour sa façon de tenir les comptes.

Rappelons quand même qu'il y a quelques années le tribunal de Metz avait jugé et condamné - des peines amnistiées par la suite - plusieurs dizaines de travailleurs de Bata accusés d'avoir volé des paires de chaussures. Mais aucun tribunal ne juge les patrons voleurs d'emplois, de salaires, responsables de dizaines de vies brisées. On vient une nouvelle fois d'en avoir la preuve.

100 000 F pour tous et 10 000 F par année de présence

Le projet de fermeture du site de Moussey prévoyait, entre autres, pour Bernard Dupont, le PDG de Bata SA, une prime de six millions de francs à la fin de son sale boulot de fossoyeur. Six millions pour lui et à peine six fois plus - 35 - pour 526 ouvriers licenciés, voilà les comptes des patrons !

D'ailleurs Dupont n'en est pas à sa première liquidation. C'est lui qui a mis en oeuvre la liquidation de Myrys - alors propriété du groupe Bata. Lui encore qui a touché 400 000 F de prime lors du dernier plan social chez Bata en 1997, pour avoir obtenu que le " plan social " ne coûte rien au groupe.

Les travailleurs de Bata ne veulent pas partir avec rien. Ils revendiquent une indemnité de préjudice de 10 000 F par année de présence avec un minimum de 100 000 F, en plus des dérisoires indemnités légales. L'intersyndicale a chiffré à 106 millions ce que cela coûterait au groupe Bata. Une goutte d'eau par rapport à l'océan des profits qu'il a réalisés.

Correspondant LO

S'ils ne nous laissent pas travailler on ne les laissera pas vendre

L'intersyndicale a calculé que les licenciés ne toucheront que 4 743 F d'allocations chômage, soit près de 800 F de moins que le Smic.

Les licenciements à Moussey, c'est une baisse de niveau de vie pour tous, des profits supplémentaires pour le groupe Bata en faisant produire dans le Tiers Monde, et des chaussures qui ne seront pas moins chères dans les magasins pour les consommateurs.

Et il faudrait laisser les magasins Bata vendre en toute tranquillité ?

Extrait du bulletin Lutte Ouvrière Bata

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