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Dans le monde
Afghanistan : L'intervention française en panne
Chirac et Jospin se sont livrés à un petit numéro d'indignation, s'offusquant du " prétendu effacement militaire " de la France en Afghanistan. Les dirigeants français ont pourtant bien du mal à rester partie prenante de l'intervention américaine. La volonté de l'impérialisme français de ne pas être entièrement débarqué dans cette affaire prend parfois une tournure comique.
Bien sûr, le porte-avions Charles-de-Gaulle a enfin trouvé l'hélice qui doit lui permettre de se rapprocher du secteur, mais il est seulement annoncé pour la mi-décembre dans l'océan Indien, tandis que les soldats français de l'infanterie de marine restent bloqués en Ouzbékistan. Et le passage éclair du ministre de la Coopération, Charles Josselin, n'a pas suffi à convaincre les autorités ouzbeks de laisser passer les soldats français qui restent bloqués par le veto de l'Ouzbékistan et aussi de l'Alliance du Nord. Pour le moment, les propositions du ministre français de la Coopération de renforcer la coopération avec l'Ouzbékistan en lui vendant des armes n'ont pas levé la méfiance des dirigeants de ce pays. Cette méfiance n'a d'égale que la volonté des dirigeants de l'Alliance du Nord de voir le moins possible de représentants militaires des Etats-Unis ou des pays européens sur le sol afghan.
Le fameux corridor d'aide humanitaire que devaient tracer les soldats français reste donc en panne. Et le bon prétexte que pouvait fournir cette aide pour permettre à l'intervention française de prendre tournure n'a pas vu le jour. Les dirigeants français ont proclamé que " la France mobilisait 5 000 hommes pour l'Afghanistan " de façon à être prêts à " sécuriser l'aide humanitaire ". Mais, pour le moment, ils n'ont même pas pu faire passer les 32 hommes annoncés à destination de Mazar-e-Charif ; les 300 soldats et spécialistes du génie qui devaient les suivre étant encore dans l'hexagone, on voit donc mal comment 5 000 hommes pourraient y parvenir.
Mais, quels que soient les côtés ridicules de leurs tentatives, Chirac et Jospin, en bons représentants de l'impérialisme français, tiennent à avoir leur place dans le conflit. Ils ne s'agit même pas des intérêts économiques directs qu'ils peuvent espérer d'une intervention. Ils veulent être " dans le coup ", faire qu'on puisse parler d'une façon ou d'une autre d'une intervention française, d'une présence française, afin de se maintenir tant bien que mal dans le groupe de tête des puissances impérialistes.
La tâche est d'autant plus rude pour la France, comme d'ailleurs pour la Grande-Bretagne, l'Italie ou l'Allemagne, qu'il y a évidemment un grand décalage entre la puissance nord-américaine et celle de ses partenaires européens au sein du G7. Mais les petites puissances impérialistes peuvent au moins espérer qu'à un moment ou à un autre les Etats-Unis, qui ne peuvent assurer entièrement seuls les tâches de gendarme planétaire, finiront bien par leur laisser une petite place, et l'honneur discutable de collaborer avec eux au maintien de l'ordre impérialiste contre les peuples du monde, à coup de bombardements et souvent au prix de massacres.