L'intervention française en Afghanistan : Drapés dans l'humanitaire, Chirac et Jospin s'en vont en guerre23/11/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/11/une-1740.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Leur société

L'intervention française en Afghanistan : Drapés dans l'humanitaire, Chirac et Jospin s'en vont en guerre

Chirac et Jospin, réunis en conseil des ministres "restreint" mercredi 14 novembre, et en invoquant le prétexte de l'aide humanitaire, ont décidé de participer aux opérations militaires en cours en Afghanistan.

La contribution reste modeste. Officiellement, il s'agit d'aider à "sécuriser" l'accès à l'aide humanitaire dans la région de Mazar-e-Charif, au nord de l'Afghanistan, où les combats entre talibans et partisans de l'Alliance du Nord ont été âpres cependant, nous dit la presse, et sont loin d'être terminés.

Bien sûr, comme dans tout le pays, les besoins des populations sont immenses. Mais la frontière avec l'Ouzbékistan voisin est fermée, car les dirigeants de ce pays cherchent à éviter de se trouver entraînés dans une extension du conflit afghan. La France a donc dépêché de toute urgence des diplomates chargés de convaincre les dirigeants ouzbeks d'ouvrir la frontière. Pour l'instant, les diplomates piétinent, et les autorités militaires françaises en sont réduites à étudier la carte et à imaginer comment ils pourront mener leur action dans ce secteur.

Mais l'aide humanitaire mise en avant sert à dissimuler les arrière-pensées des dirigeants français. En fait, s'ils font leur possible pour s'insérer, modestement dans le règlement du conflit afghan alors que les Etats-Unis tenaient à conserver entre les mains l'essentiel de l'intervention, c'est qu'ils veulent avoir leur place dans la "cour des grands".

Lors d'une intervention militaire d'envergure de l'impérialisme américain, les impérialismes de seconde zone comme la France, mais aussi la Grande-Bretagne ou l'Italie, veulent "en être". Chirac, Blair, Berlusconi se sont précipités pour se faire voir aux côtés de Bush. Et ce n'est pas seulement une question de prestige international, mais pour montrer qu'ils comptent eux aussi.

De cette présence politico-militaire, ils espèrent glaner quelques miettes économiques. Qui dit guerre dit destructions, et dans l'après-guerre, ce sera synonyme de reconstructions. Et même dans un pays aussi pauvre que l'Afghanistan, il y aura pour les entreprises du bâtiment et des travaux publics, les banquiers et bien d'autres, des marchés et des crédits à transformer en profits.

Voilà pourquoi trois cents soldats français, notamment des soldats entraînés au combat de l'infanterie de marine, sont en route pour l'Afghanistan, ainsi que huit Mirage 2000D, c'est-à-dire des avions de combat, équipés de missiles à guidage laser, pour les appuyer.

Le ministre de la Défense, Alain Richard, qui s'adresse d'abord à des militaires, a été plus carré dans ses déclarations. Selon ses propres termes, l'Etat français ambitionne de participer à l'opération militaire, qui se donne pour "objectif d'attaquer les infrastructures et les zones de repli d'Al Qaida [l'organisation de Ben Laden] en Afghanistan", sous prétexte d'attaques contre des caches des partisans de Ben Laden.

L'intervention envisagée en choeur par Chirac et Jospin a donc toutes les caractéristiques des interventions militaires à prétextes humanitaires auxquelles on nous a habitués ces dernières années, à l'image de ce qui s'est fait en Somalie, où la télévision montrait complaisamment Kouchner et ses sacs de riz, comme paravent à un déploiement de la force armée.

Où cela conduira-t-il ? L'armée française s'apprête à jouer un tout petit bout de la partition concoctée par Washington, en espérant en obtenir plus qu'en Somalie, où la petite armada nord-américaine avait fini par replier bagage à la hâte. Peut-être le gouvernement y gagnera-t-il comme au Kosovo la nomination d'un politicien français, tel Kouchner ou Léotard, qui aura comme tâche de gérer l'occupation, si occupation il y a.

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