Hôpitaux publics : Pour les 35 heures, il faut 10 % d'embauches16/11/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/11/une-1739.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hôpitaux publics : Pour les 35 heures, il faut 10 % d'embauches

Le protocole de Guigou sur les 35 heures a beau continuer son chemin en haut lieu, dans les dédales de l'Etat (il devait passer le 14 novembre devant le conseil supérieur de la fonction publique hospitalière), il suscite toujours autant de rejet dans les hôpitaux.

Trois semaines après la précédente, il y a eu à nouveau une journée de grève et une manifestation régionale, appelée par les syndicats hospitaliers d'Ile-de-France, le mardi 13 novembre. La manifestation parisienne a réuni un peu plus d'un millier de personnes, venant d'au moins vingt-cinq hôpitaux, dont quatre établissements psychiatriques.

Un mouvement qui dure

Le mouvement de protestation contre les 35 heures façon Guigou en est à présent à deux mois et demi d'existence. Il a été marqué par cinq journées de manifestations dans la région parisienne et dans plusieurs villes du pays. Il a aussi entraîné des établissements à se mettre en grève reconductible pour des durées longues : l'hôpital Henri-Mondor, la Pitié-Salpétrière, Saint-Antoine, Paul-Guiraud pendant plus d'un mois, Beaujon et René-Muret, trois semaines. Et cela pour ne parler que d'hôpitaux de la région parisienne.

A la Pitié-Salpétrière, la protestation persiste, même si la participation aux assemblées générales a diminué. A celle du mardi 6 novembre, au retour d'une semaine de congés, une soixantaine de personnes ont reconduit la grève à l'unanimité (moins les représentants du syndicat Sud qui se sont abstenus), jusqu'au mardi 13 novembre, jour de la manifestation. Il faut dire que le matin même, la rencontre avec le directeur s'était mal passée. Celui-ci avait de nouveau brandi des menaces de retraits sur salaires et affiché un tel mépris que le personnel n'eut qu'une seule envie : continuer la grève. De plus, les cadeaux du gouvernement aux cliniques privées ont eu comme effet de renforcer la légitimité de la grève dans les esprits. Malgré le peu d'enthousiasme des directions syndicales locales pour aider le mouvement, et la fatigue des manifestants, le cortège de l'hôpital comptait une centaine de personnes.

A Saint-Antoine, la grève votée jusqu'au 15 novembre continuait. Le piquet de grève, toujours en place, a organisé un barbecue géant et continue à faire signer aux visiteurs une pétition de soutien. Mais, depuis plus d'un mois que la grève dure, la fatigue se fait sentir. Les syndicats ont organisé un référendum dans les services pour savoir ce que souhaite le personnel. Le résultat devait être communiqué lors de l'AG du 15 novembre.

La contagion de la grève

A l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP), il y a bien des établissements qui, sans se mettre en grève, ont participé à l'une ou l'autre des 5 journées de manifestations qui se sont succédé depuis septembre. C'était le cas de l'hôpital Trousseau où un vote à bulletins secrets organisé début novembre a recueilli une majorité écrasante de oui à la grève reconductible : celle-ci s'est donc installée depuis le 5 novembre. Le mouvement est dynamique, comme le montre le nombre d'inscrits au piquet de grève qui se tient de 6 heures à 22 heures : 60 volontaires quotidiens sur un effectif total de 800 personnes (soit 300 présentes au travail chaque jour). Pourtant les difficultés rencontrées par les grévistes sont les mêmes que partout ailleurs. En particulier, les assignations sont nombreuses, et seuls des techniciens organisent eux-mêmes leur planning de grève.

Les médecins ne s'empressent pas de faire baisser l'activité pour tenir compte du mouvement. Jeudi 8 novembre, les grévistes ont convoqué une réunion des chefs de service pour les amener à changer d'attitude, sans succès, il est vrai.

Le personnel est aussi allé manifester devant la mairie du 12e arrondissement pour faire entendre ses revendications à un député du Parti Socialiste, Pierre Bloch, qui ne s'est pas pressé pour les recevoir.

Lundi 12 novembre, l'assemblée générale a réuni cent personnes et a reconduit la grève jusqu'au lendemain de la manifestation du 13 novembre. Tous les regards étaient tournés vers les hôpitaux encore en grève, et surtout vers le plus proche, Saint-Antoine.

Le problème de l'embauche reste posé

D'autres établissements vont-ils prendre le relais et se mettre à leur tour en grève reconductible ? Les fédérations syndicales n'y poussent pas plus maintenant qu'au début. Elles projettent seulement un nouveau temps fort le 27 novembre, où pour la première fois, une manifestation nationale à Paris devrait être organisée.

En attendant, tout ne rentre pas dans l'ordre pour les directeurs d'hôpitaux pressés d'en arriver à la phase locale des négociations. Ainsi, à Beaujon, le directeur qui est Monsieur 35 heures au niveau national, a dû renoncer à faire discuter dans les services les grilles de mise en place des 35 heures. Par exemple, dans le service de chirurgie thoracique, trente-cinq personnes se sont réunies pour refuser. Certains chefs de service ont eux-mêmes dit non à ces discussions.

En effet, la conviction demeure que, sans embauche, la nouvelle organisation du travail ne peut se faire qu'au détriment de nos conditions de travail, ou est tout simplement impossible. Ce qui indigne aussi, c'est que le gouvernement cède aux patrons de cliniques. Le sentiment général est qu'il laisse tomber le service public.

Alors, au-delà des journées régionales ou nationales, toutes les raisons subsistent pour que le mouvement continue.

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