Toulouse - Hôpital Marchant : Le personnel contre la dispersion02/11/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/11/une-1737.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Leur société

Toulouse - Hôpital Marchant : Le personnel contre la dispersion

Lors de l'explosion de l'usine AZF de Toulouse, l'hôpital psychiatrique Marchant, qui se trouve à moins de 500 mètres, a été détruit dans ses aménagements intérieurs et ses ouvertures. Les 300 malades ont été répartis dans les cliniques et les familles pour les plus légers, les autres étant envoyés dans des hôpitaux psychiatriques des départements voisins, parfois à plus de 100 km ; les soins à ces derniers patients sont assurés par le personnel de Marchant, qui passe donc une bonne partie de son temps sur les routes.

Or il existe à Toulouse l'ancien hôpital militaire Larrey, de construction relativement récente, qui est quasiment vide et que le CHU vient d'acheter pour mener à bien sa restructuration ; il faut entendre par là que la direction du CHU veut regrouper dans cet hôpital les services dits "en doublon" existant sur les sites de Purpan et Rangueil, mais avec au passage fermetures de lits et suppression de personnel.

Tout naturellement, le personnel de Marchant a réclamé que l'hôpital Larrey soit affecté à ses malades, avec le soutien des chefs des services du CHU qui étaient sur la liste des prochaines restructurations et qui se sont dits prêts à "passer leur tour" ; le personnel du CHU pensant lui aussi que cela pouvait entraver un peu la politique de fermeture de lits de leur direction.

Après de multiples démarches et manifestations, la ministre de la Santé a accordé trois étages (à peu près la moitié) de l'hôpital Larrey aux malades de Marchant, mais cela ne permettrait d'accueillir - après quelques travaux sur plusieurs mois - que 120 lits sur les 300 nécessaires.

Cela provoque l'inquiétude du personnel car, par ailleurs, les projets du ministère concernant la psychiatrie sont connus : réduction de l'importance des hôpitaux psychiatriques pour créer de petites unités au sein de chaque hôpital général, dans le but paraît-il de rapprocher les malades de leurs familles. On soupçonne que c'est plutôt pour réduire le personnel, en particulier dans les services généraux ou administratifs, et supprimer des lits.

Or actuellement les malades les plus lourds ne sont pas acceptés dans les cliniques privées, qui ont un personnel extrêmement réduit. Par ailleurs, une partie des personnes qui ont recours à l'hôpital psychiatrique sont des exclues de la société, avec des problèmes de drogue, d'alcoolisme, sans couverture sociale, qui ne peuvent trouver une prise en charge ailleurs. Contrairement à ce qui se passe dans le privé, les patients de l'hôpital peuvent être suivis sur l'extérieur dans des centres médico-psychologiques où les malades peuvent venir consulter gratuitement du personnel détaché de l'hôpital psychiatrique. Et jusque-là, lorsqu'un patient revenu chez lui connaissait une soudaine aggravation de sa santé, sa famille pouvait le ramener à l'hôpital. Comment cela se passera-t-il lorsque ces lits auront été supprimés ?

L'explosion d'AZF a des conséquences dommageables pour le personnel et les malades, mais la politique du gouvernement également.

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