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- Lutte ouvrière n°1737
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Dans les entreprises
Mac Cain (Marne) : "pas de fric, pas de frites !"
Lundi 22 octobre, lors de la prise de travail de l'équipe du matin, les travailleurs de l'usine Mac Cain, à Matougues, près de Châlons-en-Champagne, dans le département de la Marne, ont décidé de se mettre en grève. Ils protestaient contre le manque de respect de certains chefs et surtout pour des problèmes de salaires.
Le géant canadien de l'agroalimentaire, spécialisé dans la frite surgelée, vient d'implanter cette usine et il a bénéficié à cette occasion de nombreuses aides publiques. En tout, c'est plus de 55 millions de francs dont 5 millions par la Région qui ont été apportés par les collectivités à cette multinationale. Cela représente 290 000 F par emploi créé.
L'usine, qui compte aujourd'hui 105 salariés et devrait en compter 250 dans les prochaines années, est donc à peine sortie de terre qu'elle connaît sa première grève, suivie par 95 % du personnel de production.
Les revendications concernent surtout l'intégration des 35 heures dans leur salaire. Les travailleurs, lors de leur embauche, n'ont pas eu le choix, ils ont été embauchés sur la base de 35 heures travaillées et, en ajoutant une prime d'assiduité de 300 F, les salaires en production ne dépassent pas les 6 300 F. Ils n'ont aucune prime d'équipe alors que l'usine tourne en 2x8 et dans l'avenir, elle devrait fonctionner en 3x8.
Par ailleurs 18 travailleurs sont venus du Pas-de-Calais pour le lancement de l'usine. La direction leur avait promis des augmentations de salaires, à condition d'accepter cette mutation. Mais le salaire étant basé sur 35 heures ils gagnent exactement la même paye !
Les conditions de travail ne sont pas faciles. Entre les différents secteurs de l'usine, un agent de maintenance peut passer de -30° à +45°, en quelques minutes, le bruit est assourdissant et vient s'ajouter à l'humidité ambiante. Le manque de personnel est chronique. Il faut dire que l'on ne se bouscule pas au portillon, vu les salaires et les conditions de travail.
Les grévistes étaient convaincus que cette grève était importante pour se faire respecter à l'avenir. Le mouvement se poursuivit les trois jours suivants avec la volonté d'obtenir de la direction des salaires qui soient supérieurs à 6 300F en production et que certains chefs sachent que les travailleurs n'étaient pas sans réaction et sans moyen, face à leurs comportements.
Jeudi 25 octobre, suite à des négociations, la reprise du travail a été décidée. Les travailleurs ont obtenu l'intégration en deux fois, de l'effet 35 heures dans leur rémunération. La moitié de la RTT sera intégrée au salaire au 1er janvier 2002, 25 % au 1er janvier 2003 et le reste au 1er juillet 2003. Cela correspond à une augmentation du taux horaire de 5,7 % dans un premier temps et de 11,4 % au bout du compte. Les travailleurs ont aussi obtenu une hausse générale de 2,2 %. Par ailleurs, la direction a dû accepter de ne pas faire rattraper une des cinq journées de travail chômées, suite à une panne touchant l'ensemble de la production.
C'était la première lutte dans cette nouvelle usine et pour certains jeunes la première grève et c'est avec le sentiment d'avoir marqué des points face à Mac Cain que le mouvement s'est terminé.