La SNCF, Réseau Ferré de France et Aéroports de Paris se sont actuellement associés dans un GIE (Groupement d'intérêt économique) appelé CDG Express et ayant pour objet d'étudier les conditions de réalisation d'une nouvelle ligne de RER reliant la Gare de l'Est de Paris à l'aéroport de Roissy.

Dans ce projet, les trains seraient des rames directes Paris-Roissy sans arrêt dans les gares de banlieue avec enregistrement des bagages possible dès la Gare de l'Est. La ligne serait entièrement souterraine de Noisy-le-Sec à Roissy et le tunnel serait construit sous les habitations de Bondy, Pavillons-sous-Bois, Aulnay, Sevran, Villepinte, Tremblay et Mitry-Mory.

L'idée de développer les transports en commun pour désengorger la circulation routière autour de Paris peut séduire. Mais s'agit-il vraiment de cela ? La question se pose.

Tout d'abord, pourquoi ce silence pratiquement total qui entoure ce projet auprès des populations directement concernées par la construction du tunnel ? Il existe en principe une concertation préalable dans les communes visées mais, en pratique, cela s'est réduit à une brochure publicitaire avec un tracé vague de la ligne et quelques panneaux, le tout disponible en mairie, et un site Internet. C'est donc par hasard que les résidents des quartiers à proximité du canal de l'Ourcq ont découvert que la SNCF allait faire construire cette ligne sous leurs pieds, alors que l'ampleur d'un tel projet exigerait pour le moins une véritable transparence de la part de ses promoteurs et des moyens de contrôle de la population sur les décisions à prendre et ce qu'elles impliquent.

Car l'inquiétude est grande quant à la solidité du sous-sol et aux nuisances liées à la mise en service de cette nouvelle ligne (bruits, fissures, vibrations). L'exemple des dégâts liés à la construction de la ligne Eole (ligne D) est encore dans les mémoires.

Et puis, l'autre point contestable est le caractère prioritaire qui serait donné à cette ligne. La ligne Orly-Val, qui remplit le même office pour l'aéroport d'Orly, est aujourd'hui sous-utilisée et du coup régulièrement renflouée par les caisses de l'Etat. Cette nouvelle ligne Gare de l'Est-Roissy apparaît comme une ligne de prestige pour attirer les touristes étrangers et les hommes d'affaires en les faisant voyager à l'écart des banlieusards. Mais la ligne B du RER dessert déjà Roissy. La SNCF a mis en place depuis des années, et au détriment des dessertes qui existaient auparavant, des trains directs Gare du Nord-Roissy et les usagers de la ligne constatent chaque jour que les directs sont pratiquement vides, alors que les trains qu'ils empruntent pour rentrer chez eux du travail sont pleins aux heures de pointe.

Il serait bien plus urgent, dans ces conditions, de rénover les lignes de banlieue. Les quatre milliards de francs d'ores et déjà prévus comme frais d'investissement en infrastructure dans le nouveau chantier seraient bien plus nécessaires pour améliorer les transports en commun des habitants de la banlieue, plutôt que d'essayer d'attirer une poignée supplémentaire de clients de l'aéroport, plus enclins à prendre un taxi qu'à prendre le train à la Gare de l'Est pour un aller simple à 100 F (prix indicatif donné par la SNCF).

Les grosses entreprises qui construiront le tunnel et la nouvelle voie évaluent certainement déjà le profit qu'elles pourront tirer de l'opération. Mais pour les habitants de la banlieue Nord-Est qui ne bénéficieront d'aucun avantage mais auront sans doute à supporter bien des nuisances, c'est moins évident. L'évidence, ce serait que les pouvoirs publics décident d'investir massivement dans les transports quotidiens que les habitants de banlieue et les travailleurs utilisent tous les jours. Qu'ils améliorent le confort des rames et des gares, les rendent moins chers et plus nombreux, embauchent en conséquence un nombre suffisant d'agents, voilà qui est une priorité, une vraie !