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- Lutte ouvrière n°1736
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Dans les entreprises
Moulinex Cormelles-le-Royal (Caen) : Après la décision du tribunal
À l'usine Moulinex de Cormelles-le-Royal, lundi 22 octobre 2001, un groupe de travailleurs s'est retrouvé comme chaque jour. La décision du tribunal devant tomber pour 15 heures, une partie des salariés est allée occuper la Chambre de commerce. Puis, pour l'heure de la proclamation de la décision du tribunal, un nombre plus important que d'habitude se sont retrouvés à l'usine.
Le tribunal a donc décidé de favoriser le projet SEB, condamnant les usines de Falaise, Bayeux, Caen, Alençon, presque toutes les usines dans le Calvados, et laissant sur le carreau des milliers de travailleurs, 3 700 licenciés en France. La décision a bien sûr été sur le moment comme un coup de massue. Beaucoup espéraient que l'autre projet, promettant le maintien de plus d'emplois, serait retenu. Mais surtout, le sentiment général était que tout le monde était complice pour faire le jeu des banques, qui semblent avoir été à l'origine des décisions depuis le dépôt de bilan jusqu'à aujourd'hui.
Le soir même, il y avait le Conseil municipal à Caen, et une quarantaine de travailleurs se sont invités. Deux d'entre eux ont exprimés leur dégoût devant l'attitude de tous les politiciens, à plat ventre devant les décisions financières. Ensuite, le maire a reçu les travailleurs pour discuter, interrompant le Conseil. Elle s'est engagée à mettre en place un fonds d'aide d'urgence, et aussi, avec le Conseil régional, à développer les projets de réindustrialisation. Bien sûr, tout le monde trouve aberrant de liquider une usine en partie neuve, et cela nourrit l'espoir qu'on reprenne en partie l'activité. Mais visiblement ce que les politiciens, droite et gauche, ont en tête, c'est encore de prendre des fonds publics pour attirer des patrons, alors que personne ne semble vouloir demander de comptes aux banques et aux actionnaires passés.
Et puis le fonds social d'urgence, censé être là pour les travailleurs habitant Caen en grande détresse du fait d'un licenciement brusque, est d'un montant de... 150 000 F. Les travailleurs se sont bien fait préciser que c'était 150 000 F en tout, et pas par personne, tellement cela semblait peu. Comme l'a fait remarquer un conseiller municipal, c'est quatre fois moins que le budget voté au même Conseil pour le seul nettoyage des tags.
Tout le monde est reparti décidé à ne pas en rester là et à continuer à se retrouver à l'usine dès le lendemain matin.