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Leur société
Régulariser les sans-papiers, ce serait un geste de simple justice
A l'ancienne gendarmerie de Saint-Denis (93), que des sans-papiers occupent depuis plusieurs mois pour tenter d'obtenir la régularisation de leur situation, la réponse donnée par le préfet le 15 octobre a été une nouvelle fin de non-recevoir révoltante.
Les 73 dossiers que les sans-papiers et les associations qui les soutiennent ont soumis aux autorités préfectorales remplissent tous des critères qui ont permis bien des régularisations. Mais pour les dizaines de milliers de sans-papiers qui ont été déboutés, l'arbitraire s'est encore aggravé. Les lois et circulaires édictées par Chevènement et ses successeurs ont été faites pour exclure de la régularisation des dizaines de milliers d'hommes et de femmes qui veulent vivre normalement. En Seine-Saint-Denis, le préfet oppose des refus systématiques à des sans-papiers qui vivent en France, y travaillent, y ont leur vie familiale et personnelle depuis parfois plus de dix ans. La plupart ont fourni les preuves exigées. Mais en vain.
Alors comment s'étonner que certains sans-papiers ne voient plus d'autre issue que de recourir à la forme de lutte dramatique qu'est la grève de la faim. Mais ni le préfet, ni le pouvoir ne s'émeuvent pour autant. Préfets (de Seine-Saint-Denis ou d'ailleurs), représentants du gouvernement ont choisi de rester sourds aux demandes des sans-papiers, sourds au désespoir que leur intransigeance engendre. Le retournement des dirigeants socialistes sur ce problème ne peut qu'inspirer l'indignation. Car comment pourrait-on oublier que les Vaillant et les Jospin qui aujourd'hui choisissent une inhumaine intransigeance avaient fait des promesses lors de la campagne législatives de 1997 ? Ils parlaient alors de régulariser les sans-papiers, de changer les lois Pasqua et Debré.
Mais les circulaires, les lois et les consignes des dirigeants socialistes n'ont pas correspondu à leurs promesses. 70 000 sans-papiers ont été arbitrairement déboutés de leur demande. Et au fil des mois l'attitude de l'administration se durcit pour décourager ceux qui continuent à ne pas accepter qu'on les condamne à vivre dans la précarité et la peur d'une arrestation ou d'une expulsion.
Aujourd'hui le préfet de Seine-Saint Denis a répondu par un refus net aux associations de sans-papiers qui lui demandaient d'être tenues au courant du suivi des dossiers et de discuter des divers problèmes soulevés par l'administration. Il a brutalement refermé une porte qu'il avait fait mine d'entrebâiller une semaine plus tôt en proposant un rendez-vous. C'est injuste et inacceptable. Comme sont inacceptables tant de gestes et de mesures qui frappent les plus pauvres. Comme sont inacceptables les licenciements, la précarité, la misère. Et c'est une raison de plus pour que les travailleurs se sentent solidaires des travailleurs sans-papiers qui ne veulent pas laisser faire.