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- Lutte ouvrière n°1735
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Editorial
Bush, Blair, Jospin, Chirac mènent la guerre contre les peuples et contre les travailleurs
Il n'a pas fallu attendre bien longtemps pour constater que les bombardements à jet continu des villes afghanes par l'aviation anglo-américaine tuaient et blessaient des femmes, des enfants, des vieillards, bien plus qu'ils ne réussissaient à traquer les taliban et les sbires de Ben Laden. Les images de ces familles qui ne savent même plus où se réfugier témoignent de la terreur que ces bombardements ont répandue dans la population civile afghane, qui pourtant n'est pour rien dans les attentats commis contre d'autres civils aux Etats-Unis. Ce sont d'ailleurs ces mêmes civils afghans qui ont eu à subir les méthodes moyenâgeuses de ces taliban que les dirigeants américains avaient soutenus et mis en place.
Va-t-on nous refaire le coup de la guerre du Golfe, destinée, nous disait-on à l'époque, à chasser le dictateur irakien Saddam Hussein ? Aujourd'hui, dix ans plus tard, le dictateur est toujours en place, mais un million de civils irakiens sont morts, des centaines de milliers sont restés infirmes des suites de cette guerre. Et d'autres continuent à mourir quotidiennement, faute de médicaments, faute de nourriture, à cause du blocus qu'imposent encore les grandes puissances à ce pays.
N'y a-t-il pas de quoi être écoeuré et indigné par les discours des Bush, Blair et de leurs comparses ici, en France, Chirac, Jospin ? Ils prétendent prendre la tête d'une croisade en faveur de la démocratie, eux qui se sont appuyés sur les taliban, eux qui ont soutenu, mis en place, ou laissé s'installer des dizaines de dictatures, comme celles qui sévissent encore au Pakistan, en Arabie Saoudite et dans bien d'autres pays du monde. Ils ont l'indécence de se présenter, maintenant, comme des champions des droits des femmes afghanes qu'ils prétendent vouloir libérer... en commençant par les bombarder, elles et leurs familles !
Les discours des Bush, Blair, Chirac, Jospin ne sont pas destinés à convaincre la population afghane, ni la population des pays dont la majorité vit dans la pauvreté la plus extrême. Ces peuples, pillés et exploités au profit de quelques dizaines de grands trusts industriels et financiers qui dominent le monde, savent que les grandes puissances d'Occident protègent un ordre mondial injuste, cause principale de leur misère et de leur oppression. Nul besoin d'aller chercher plus loin pour comprendre la haine que ces peuples vouent aux représentants de ces puissances impérialistes, comme à tout ce qui semble les représenter. C'est cette haine qu'un Ben Laden essaie de capter et de canaliser vers des actions terroristes abjectes et des objectifs réactionnaires. Les frappes anglo-américaines ne peuvent d'aucune façon contribuer à éradiquer le terrorisme, ni même à en affaiblir les manifestations, comme le prétendent ceux qui commandent ces frappes. C'est même tout le contraire. Car, en accroissant le fossé de sang entre peuples, elles alimentent un peu plus encore une haine qui peut donner lieu à de nouvelles vocations de terroristes prêts à s'enrôler derrière n'importe quel démagogue réactionnaire.
Mais, en réalité, les discours de Bush, Blair, Chirac, Jospin sont destinés à nous, travailleurs. Ces bons apôtres essayent de nous entraîner dans leur croisade contre les peuples et, du même coup, de nous faire oublier qu'ils sont les valets de nos exploiteurs ici en France, comme ils le sont en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis. Ils voudraient utiliser la situation pour escamoter les problèmes qui restent au coeur des préoccupations du monde du travail, à commencer par les licenciements qui n'ont pas connu de trêve, loin s'en faut, après le 11 septembre. Car pendant que l'on nous vante les prouesses des missiles occidentaux, on ne parle presque plus des tristes exploits des capitalistes qui n'arrêtent pas leurs "frappes" contre les emplois, à Moulinex, Philips, AOM, Alcatel. Et combien d'autres encore ?
Refusons ce piège !