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- Lutte ouvrière n°1734
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Dans les entreprises
Groupe Mornay : En grève depuis le 27 septembre
Au groupe Mornay, groupe de caisses de retraite complémentaire AGIRC/ARRCO et d'institutions de prévoyance employant près de 1 800 travailleurs, la direction a annoncé, jeudi 27 septembre, la dénonciation de la Convention collective d'entreprise (CCE).
Lorsque les conseils d'administration du groupe, composés à parité de représentants du MEDEF et des confédérations syndicales de salariés, ont voté cette décision à une grande majorité (abstentions de la CGT et FO) plusieurs centaines d'employés ont envahi la salle du conseil d'administration à la tour Mornay près de la gare de Lyon, pendant que nos camarades de Vincennes nous rejoignaient et que tous les sites régionaux débrayaient immédiatement.
La direction a alors expliqué que la CCE était trop chère (8 % supérieure selon eux à la convention collective nationale des Caisses de retraite et de prévoyance), ce qui empêchait la participation du groupe Mornay au grand mouvement de concentration des Caisses, en cours dans la profession. Autrement dit, le groupe Mornay voulait offrir nos acquis sociaux en dot à d'éventuels prétendants au "mariage". Car la dénonciation de la CCE, qui serait effective à partir de janvier 2003, aurait pour conséquence de geler nos salaires jusqu'à ce que la valeur du point de la convention collective nationale ait atteint le niveau actuel du point Mornay. Autant dire qu'à ce rythme, il faudrait des années avant que nos salaires n'augmentent ne serait-ce que d'un centime. La prime de transport, le 13e mois, la prime d'ancienneté, le temps de travail, les classifications, les jours de congés conventionnels seraient également remis en cause.
Depuis, c'est la grève. Chaque soir plusieurs dizaines de grévistes font une réunion de bilan dont les propositions sont présentées le lendemain matin à l'assemblée générale des grévistes de Paris et de Vincennes, animée par les syndicats CGT, FO et CFDT. Cette AG, comme celles de Rennes, Lyon, Montpellier et Cognac, reconduit la grève et cherche aussi par tous les moyens à la faire connaître. Chaque jour, des équipes de grévistes se rendent dans les autres Caisses où nous rencontrons parfois des intersyndicales ou même d'autres travailleurs qui ont envie de suivre notre exemple, s'estimant eux aussi menacés par les "mariages" entre institutions.
La mobilisation s'est amplifiée jusqu'à toucher plus de 75 % du personnel, sur toute la France. Mardi 9 octobre, les présidents et vice-présidents des conseils d'administration, qui devaient se réunir pour coordonner leur position sur la grève, ont été attendus dès l'aube, à l'entrée de l'immeuble parisien. Comme ils ne prenaient pas le chemin de la Caisse, les grévistes ont fini par les retrouver dans un salon feutré du très sélect restaurant "Le train bleu" où une manifestation a perturbé leur petit-déjeuner.
Plus tard, lors de l'AG, la majorité des informaticiens (hors du mouvement jusque-là) annonçaient qu'ils se joignaient aux grévistes et envoyaient dans ce sens une lettre à la direction ce qui a renforcé la détermination de tous. Après 15 jours de grève, la mobilisation s'étendait toujours malgré un petit problème : le hall d'entrée de Paris devenait trop étroit pour tenir nos AG !