Les 35 heures dans les hôpitaux publics : Après le 27 septembre, la protestation continue05/10/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/10/une-1733.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Les 35 heures dans les hôpitaux publics : Après le 27 septembre, la protestation continue

Les hospitaliers voient bien aujourd'hui que la RTT façon Guigou restera virtuelle. Elle sera mise sur un compte épargne-temps pour la plupart d'entre eux, et ils risquent même de travailler encore plus que maintenant en 2002, en perdant notamment des jours de congés annuels dans le nouveau décompte annualisé. "On ne peut pas laisser faire cela, il faut faire quelque chose pour l'empêcher" disent beaucoup de travailleurs du secteur.

Jeudi 27 septembre, quatre syndicats dont la CFDT signaient l'accord sur les 35 heures tandis qu'à Paris 5 000 hospitaliers environ manifestaient dans la rue pour exprimer leur mécontentement à l'appel de la CGT, de FO, de SUD et de la CFTC. Cette deuxième manifestation a rassemblé sensiblement le même nombre de salariés de la Santé que le jeudi précédent. Mais cette fois-ci, plusieurs hôpitaux de province, Le Mans, Rouen, Angers, Tours... s'étaient joints au cortège parisien, en même temps que des manifestations se déroulaient dans des villes de province.

Si le mécontentement s'exprime encore de manière inégale selon les hôpitaux, il est peut-être en train de gagner du terrain. Des assemblées générales se sont déroulées au retour et le lendemain de la manifestation. Ainsi, à Paris, à la Pitié-Salpétrière, 150 personnes le jeudi au retour de la manifestation, puis 200 le vendredi se sont retrouvées en assemblée générale. Le lundi, à 150, elles ont voté la grève reconductible pour une semaine, à l'appel de l'intersyndicale CGT-FO-SUD.

A l'hôpital Saint-Antoine, lundi 1er octobre, une bonne centaine de personnes sont venues à l'assemblée générale, à l'appel de la CGT et de FO. Après une brève hésitation, le principe de la grève - proposée par la CGT - a été voté, ainsi que le passage dans les services pour consulter les autres collègues sur la grève. Bien que sans enthousiasme, ce vote s'est fait parce que les participants se rendent compte qu'il faudra des années pour qu'on connaisse peut-être une amélioration des conditions de travail s'il n'y a pas d'embauches immédiates. C'est en fait le ras-le-bol qui s'est exprimé lors de cette assemblée générale.

De même, à l'hôpital Beaujon, la grève a été votée vendredi 28 septembre par une cinquantaine de personnes, avec la perspective de la propager dans les services la semaine suivante. Cela semble en voie de réussir puisque l'assemblée générale du mardi 2 octobre a rassemblé 160 personnes qui ont revoté la grève et discuté des moyens de l'imposer aux médecins et aux cadres.

C'est dire que pour l'instant les hospitaliers, en tout cas dans quelques établissements, ne semblent pas vouloir s'arrêter là. Beaucoup pensent que l'accord sur les 35 heures peut difficilement se réaliser sans embauche réelle de personnel. L'annonce par le gouvernement des 45 000 emplois les laisse plutôt perplexes.

Par ailleurs, la signature de l'accord par la CFDT, alors que personne ne connaît la façon dont il sera appliqué dans les services, alimente les questions et un certain découragement.

Quant à la CGT et à FO, qui n'ont pas signé, elles se gardent bien d'offrir des perspectives au plan national pour permettre au mouvement de se développer. La Fédération CGT-Santé a même tenu à réaffirmer qu'elle "n'avait pas décidé a priori d'être non signataire" en précisant : "Notre logique n'est pas la surenchère" et "Nous voulons négocier tous les décrets qui restent à venir". Elle oriente désormais ses militants vers des actions auprès des "directions locales et régionales, des préfets et des députés". Toutefois, une journée nationale d'action est prévue prochainement à l'occasion du vote du budget de la Sécurité sociale.

Le mécontentement est réel et a des chances de continuer à s'exprimer. C'est pourquoi, ce qui est déterminant pour l'avenir, c'est que le mouvement cherche à se donner des objectifs généraux pour contraindre le gouvernement à embaucher immédiatement et massivement.

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