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- Lutte ouvrière n°1732
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D’AOM - Air Liberté à Air France : Des embauchés qui ne le sont pas
Mi-septembre, le PDG d'Air France a annoncé le "gel des embauches". Cela, juste trois semaines après que le même avait déclaré "offrir" un reclassement à certains des salariés d'AOM-Air Liberté menacés de licenciement.
On se souvient comment, fin août, Gayssot, le ministre des Transports, Spinetta, le PDG d'Air France, et des dirigeants syndicaux avaient présenté leur "plan de sauvetage" d'AOM-Air Liberté, surtout son volet dit "social". Ils insistaient sur la reprise, notamment par Air France, de salariés de la compagnie au bord du dépôt de bilan. Devant les caméras, Gayssot assurait qu'on "ne laisserait personne sur le carreau".
Les caméras ont disparu, comme la plupart des emplois promis. En tout cas, leur concrétisation éventuelle est repoussée à une date indéterminée. Ainsi, quand certains des ex-salariés d'AOM-Air Liberté ou Air Littoral vont aux nouvelles, ils s'entendent dire : "On garde votre dossier sous le coude"... Rester "sur le carreau" ou se trouver "sous le coude" d'un patron, les mots diffèrent, pas la réalité.
Côté réalité, même si toutes les "embauches" annoncées (671) étaient devenues effectives, il y aurait beaucoup à dire sur les mensonges officiels proférés, fin août, à leur propos. D'abord, ce que le ministère et la direction d'Air France s'étaient bien gardés de préciser, c'est que lesdits recrutements n'avaient rien d'immédiat. Dans les bulletins internes destinés au personnel, la direction de la compagnie soulignait qu'ils s'étaleraient sur l'exercice 2001-2002 et ne créeraient "aucune espèce de sureffectif".
En clair, Air France avait de toute façon prévu de recruter certaines catégories de personnel (surtout des navigants) mais, en prime, on lui fournissait l'occasion de se donner l'air de faire un geste.
Un patron reste un patron : on a pu le vérifier une nouvelle fois avec les contrats proposés aux candidats à l'embauche (et signalons qu'Air France semble avoir écarté les dossiers de salariés d'AOM-Air Liberté identifiés comme actifs dans les grèves et manifestations contre leur direction). Contrairement à ce qu'avaient prétendu Gayssot et Spinetta, ces contrats n'assuraient le maintien ni du salaire ni de l'ancienneté. Ainsi, un technicien d'atelier qualifié ayant vingt ans d'ancienneté s'est vu proposer un poste équivalent, pour un salaire amputé du tiers !
Alors, quelques pilotes, des hôtesses et stewards venus d'AOM-Air Liberté ont commencé à travailler à Air France, période de fort trafic estival oblige. Mais ce n'est pas le cas pour le personnel au sol, surtout technique et ouvrier. En tout cas, on n'en voit pas dans les hangars et ateliers des principaux centres de maintenance, à Roissy et Orly-Nord.
La seule chose que l'on voit, c'est que le gouvernement, Air France et certaines directions syndicales ont - mais cela ne surprend guère - menti sur toute la ligne, et d'abord aux travailleurs d'AOM-Air Liberté.