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Dans le monde
Attentats et menace de krach : Un bon prétexte pour supprimer des emplois
A New York, la Bourse de Wall Street a rouvert, six jours après les attentats du 11 septembre. S'il n'y a pas eu l'effondrement des cours que l'on annonçait, l'indice Dow Jones reculait de 7 %. Et les jours suivants, il a poursuivi sa chute, perdant finalement 14 %. Il s'agit, nous dit-on, de la baisse la plus importante en une semaine depuis 1932. Près de 1 200 milliards de dollars de capitalisation boursière sont virtuellement partis en fumée en quelques jours. Les "experts", "consultants" et journalistes économiques multiplient les articles ou déclarations du genre "Historiquement, les marchés finissent toujours par rebondir", nul ne sait ce que l'avenir réserve. L'Etat et la banque centrale américaine, la Fed, sont intervenus massivement pour soutenir les marchés financiers. La Fed a ainsi injecté plus de 350 milliards de dollars dans le système financier, L'Etat est intervenu de son côté en injectant des dizaines de milliards de dollars dans l'économie ou à la rescousse des entreprises, telles les compagnies aériennes ou d'assurances. Mais tout cela n'a pas empêché les cours de baisser.
A vrai dire, bon nombre de grosses sociétés en ont profité pour spéculer, jouer à la baisse des cours et racheter à bas prix des paquets d'actions. Comme le dit, avec une franchise brutale qui se passe de commentaire, le gérant d'un fonds de pension : "J'ai le sens du patriotisme, mais je ne peux pas faire perdre de l'argent à mes clients". La Morgan Stanley, une des principales banques d'affaires, qui a perdu 700 employés dans une des tours du World Trade Center, n'a pas non plus perdu une minute pour spéculer à la baisse et gagner de l'argent sur la catastrophe. C'est la façon capitaliste d'honorer ses morts.
Dans le même temps, les grandes sociétés n'ont pas perdu de temps sur un autre plan. Aux Etats-Unis, dans la même semaine, plus de 100 000 licenciements ont été annoncés, en particulier dans les compagnies aériennes.
Dans le reste du monde, les places boursières ont reculé pareillement durant la semaine qui a suivi les attentats aux Etats-Unis. Comme l'occasion fait le larron, bon nombre d'entreprises ont profité des événements pour annoncer des plans sociaux et obtenir de l'Etat des subventions. Dans le domaine de l'assurance des vols aériens, par exemple, les compagnies ont annoncé des tarifs prohibitifs. Les Etats européens se sont engagés à payer la surprime d'assurance, ce qui représente une subvention déguisée de milliards d'euros aux requins de l'assurance, qui pourtant se portent très bien.
En fait, les attentats et les fluctuations de la Bourse ont bon dos et font penser à des prétextes pour justifier des décisions prises avant ces événements. En effet, bien avant les attentats, les indices boursiers étaient à la baisse. En France par exemple, le CAC 40, qui a reculé de 17 % depuis les attentats, a baissé au total de 50 % depuis un an.
De même, bien avant les attentats, des pays comme l'Argentine et la Turquie, par exemple, ont vu leur économie s'effondrer en quelques jours. Nombre d'autres pays sont à la merci d'un retrait brutal de capitaux. Et, bien avant ces attentats, nombre d'entreprises avaient programmé des plans de suppressions d'emplois massifs.
On ne nous fera pas croire que des décisions de ce type se prennent en quelques heures, sur la base de pronostics sur les chiffres d'affaires à venir.
En fait, si les autorités américaines et le reste du monde ont été surpris par les événements du 11 septembre, ils ont su, avec promptitude, utiliser les événements pour justifier les projets, dévastateurs pour le monde du travail, de leurs capitalistes.