Voir : Platform, film chinois de Jia Zhang-Ke21/09/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/09/une-1731.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Divers

Voir : Platform, film chinois de Jia Zhang-Ke

Chine, 1979 : les réformes de Deng Xiao Ping ouvrent toute grandes les portes du pays au capital occidental. Mais à Fenyang, petite bourgade de la province du Shanxi, région située à plusieurs centaines de kilomètres à l'ouest de Pékin, on est très loin de tout cela.

La troupe de théâtre cantonale chante et mime l'arrivée en gare du train dans la ville natale de Mao, avec un rituel "réaliste socialiste" hilarant. Le jeune chargé du "bruitage" du train se fait réprimander pour la mauvaise qualité du son, mais à Fenyang, personne n'a jamais vu un train ! Et ce qui provoque le scandale parmi les jeunes membres de la troupe est à la mesure de cette petite ville tranquille de province : une permanente pour une jeune fille, des pantalons "à patte d'éléphant" qui les font montrer du doigt par les plus âgés car "comment un ouvrier travaillerait-il avec cette tenue ?"

Mais le "vent de la modernité", ou prétendue telle, arrive quand même à Fenyang, et la troupe est privatisée. Elle change de direction et elle change de répertoire. Désormais, pour attirer le public, il y a du sexe sur la scène et le présentateur annonce que la troupe vient de Shenzen, une des premières "zones économiques spéciales", en fait une zone franche totalement ouverte aux capitaux de Hong Kong et de l'Occident. Les acteurs savent désormais ce qu'est un train. Des amours se défont, et des familles aussi, comme celle d'un jeune acteur dont le père part ouvrir un commerce privé minable au bord de la grande route, abandonnant sa femme. A Fenyang, la vie a changé, mais elle est aussi dure qu'avant.

Cette période de réformes sous la poigne de Deng Xiao Ping, l'auteur du film l'a vécue avec, dit-il, un sentiment d'angoisse. C'est sans doute pour cela qu'il n'a fait de son film ni une ode au capitalisme, ni un plaidoyer nostalgique pour le passé, mais seulement une chronique désenchantée et souvent prenante.

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