Ce livre, publié en 1929 et réédité aujourd'hui, relate la révolte des esclaves de l'empire romain conduite par Spartacus de 73 à 71 avant l'ère chrétienne.

L'auteur, Marcel Ollivier, rejoignit le mouvement communiste à ses débuts mais s'en éloigna rapidement, par refus de l'évolution stalinienne et par affinité avec le courant anarchiste. Au moment où le fascisme sévissait depuis plusieurs années en Italie, il voulait faire de son récit de la révolte de Spartacus un hymne à la mémoire de tous ceux qui avaient lutté et étaient morts pour la libération de l'humanité. Après avoir déclaré "(...) nous poursuivrons la lutte contre les forces d'oppression. Car nous aussi nous avons faim et soif de justice. L'esclavage, contre lequel ils (les esclaves) se sont dressés, n'a pas disparu de la surface de la terre. Il n'a fait que changer de nom et de forme. De lourdes chaînes, mille fois plus lourdes et plus solides que si elles étaient de fer, tiennent encore asservie la race des hommes", il concluait d'ailleurs son texte par un appel à la lutte pour "la société fraternelle des hommes libres sur la terre libre".

Après un rappel des précédentes révoltes d'esclaves et de la situation de l'empire romain au moment du soulèvement mené par le gladiateur Spartacus, l'auteur raconte de façon vivante et simple cette grande révolte qui tint en échec pendant plus de deux ans les armées romaines. Loin d'idéaliser Spartacus et ses troupes, il relate les difficultés, les peurs, les échecs ainsi que les pillages auxquels ils se livraient dans les villes conquises. On assiste à la marche forcée des troupes de Spartacus vers le nord, dans l'espoir de quitter définitivement la péninsule, espoir échoué devant l'immense étendue du Pô, infranchissable. Puis le retour, toujours à marche forcée, vers le sud jusqu'à la Calabre actuelle et les montagnes de l'Aspromonte où la survie fut difficile, l'isolement terrible, l'encerclement par les armées romaines. En tentant de briser celui-ci, la masse des esclaves, affaiblie par des dissensions internes et par la contestation de Spartacus, remonta de nouveau vers le nord où elle fut définitivement écrasée, dans une région proche de la Naples actuelle.

Marcel Ollivier rappelle que la révolte de Spartacus ne pouvait pas gagner sans briser le système économique et social bâti sur l'esclavage, tout en réaffirmant que ceux qui se dressent contre l'oppression ont toujours raison de le faire.

Un petit livre intéressant et une occasion de rappeler les romans, intitulés eux aussi "Spartacus", d'Arthur Koestler, d'une part, et d'Howard Fast, d'autre part, qui sont plus développés et éclairent bien d'autres aspects politiques de cette révolte qui ébranla l'empire romain plus que toutes celles qui l'avaient précédée.

L.P.

Spartacus, la liberté ou la mort ! de Marcel Ollivier, Editions Spartacus, 105 pages, 65 francs.