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- Lutte ouvrière n°1731
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Leur société
Les 35 heures et les PME : Encore un cadeau du gouvernement pour les petits patrons !
Le gouvernement Jospin s'apprête à prendre de nouvelles mesures dites "d'assouplissement" pour appliquer les 35 heures dans les petites entreprises de vingt salariés. Qui dit "assouplissement" dit en fait dérogation à la loi Aubry, pour ne pas dire carrément remise en cause de cette loi. Le gouvernement s'assoit donc sur sa propre loi à peine celle-ci mise en oeuvre. Et pourtant, elle n'allait vraiment pas contre les intérêts patronaux.
Ce n'est donc plus de réduction de temps de travail mais bel et bien d'heures supplémentaires en pagaille qu'il faudrait parler. Car après avoir introduit la flexibilité dans les ateliers et les bureaux et autorisé les petites entreprises à faire effectuer par leurs salariés jusqu'à 130 heures supplémentaires par an, voilà que Jospin se propose d'augmenter le contingent des heures supplémentaires jusqu'à 180 heures par an. Ce serait seulement pour un an, rétorque le gouvernement, et après cela devrait redescendre à 160 heures par an, pour revenir à 130 heures en 2004. Mais il n'y aurait aucun droit de regard de l'inspection du travail ni repos compensateur ni récupération.
Les petits patrons se frottent les mains, eux qui pensaient peut-être ne pas devoir attendre tant de sollicitude de la part du gouvernement. Grâce aux heures supplémentaires, ils pourront, sans être en contradiction avec la loi Aubry, faire faire aux travailleurs des semaines de 39 heures. Ils pourront désormais légalement cumuler les allégements sur les bas salaires, l'aide aux 35 heures et les aides liées au recrutement de 6 % de personnel supplémentaire dans l'entreprise. Rappelons que cette dernière aide "incitative" s'élève à 7 000 francs par an et par salarié la première année, 6 000 francs la deuxième année, 5 000 francs entre la troisième et la cinquième année. Mieux encore, tout patron qui rencontrera des difficultés "avérées" bénéficiera tout de même de l'allégement des charges sociales. Sans oublier que tous les petits patrons, même ceux qui sont déjà engagés dans la signature d'un accord sur les 35 heures, pourront bénéficier de ces nouvelles mesures.
Avec celles-ci, Jospin fait de nouveau un geste politique en direction du patronat, petit mais aussi grand. Car ce dernier ne peut interpréter cette reculade, d'ailleurs bien prévisible, que comme un encouragement à être de plus en plus exigeant. Jospin et Fabius montrent ainsi qu'ils ne croient même pas à leur propre loi, qui était cependant loin d'être défavorable aux intérêts patronaux. Car en prenant en compte les difficultés des petits patrons pour appliquer les 35 heures, qui peuvent parfois dans certains cas être réelles, il feint d'oublier que, la plupart du temps, il y a derrière des exploiteurs qui surexploitent leurs salariés. Tout le monde connaît les dures conditions de travail des ouvriers et des ouvrières dans les petites entreprises, les bas salaires dans la restauration et l'alimentation. Mais le gouvernement Jospin s'en soucie bien moins que des revendications patronales.