Israël : Des attentats de new york à une trêve fragile21/09/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/09/une-1731.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans le monde

Israël : Des attentats de new york à une trêve fragile

La trêve intervenue subitement le 18 septembre entre le gouvernement israélien et l'Autorité palestinienne semble une conséquence directe des attentats de New York et de Washington, et de la politique choisie par les dirigeants américains à la suite de ces attentats.

Soucieux de constituer rapidement autour d'eux une coalition regroupant le plus grand nombre possible d'Etats, y compris des Etats arabes, les Etats-Unis auraient demandé aux dirigeants israéliens de faire retomber la tension en Palestine, afin de leur faciliter la tâche vis-à-vis des gouvernements arabes et de leur opinion publique, d'autant plus réticente à une alliance avec les Etats-Unis que ceux-ci laissent depuis des mois et des années les mains libres à Israël pour mener une véritable politique terroriste contre la population palestinienne.

De son côté, saisissant l'occasion pour montrer sa disponibilité à collaborer avec les Etats-Unis, Yasser Arafat s'est déclaré prêt au cessez-le-feu, soulignant même que celui-ci était "une décision palestinienne".

Il aura donc fallu la volonté des dirigeants américains de faire la guerre du côté du Pakistan et de l'Afghanistan pour qu'ils s'emploient - un peu - à ramener un semblant de calme entre Israéliens et Palestiniens. Mais pour combien de temps ? Et puis cette trêve fragile peut-elle signifier un tournant à plus long terme vers un règlement israélo-palestinien ?

Evidemment, rien n'est moins sûr, d'autant plus qu'entre le 11 septembre (jour des attentats) et le 18, l'armée israélienne a amplement profité de la catastrophe américaine pour mener des opérations plus nombreuses et plus longues en territoire palestinien, comme l'avouait sans ambages un spécialiste militaire à la télévision israélienne. Le terrorisme mené par l'État d'Israël contre le peuple palestinien s'accentuait pendant que le monde avait les yeux braqués sur les ruines des tours du World Trade Center et du Pentagone. La violence des attaques et leur nombre ont été renforcés sans même avoir besoin du prétexte de répondre à des manifestations palestiniennes.

Ainsi, dès le lendemain des attentats aux Etats-Unis, l'armée israélienne est entrée à Jénine, ville du nord de la Cisjordanie, en invoquant la nécessité d'éliminer les militants du Hamas et du Djihad dont cette ville serait l'une des principales bases. A Jéricho, ville entièrement sous contrôle de l'Autorité palestinienne et située à l'est de la Cisjordanie, l'armée est intervenue à plusieurs reprises. Samedi 15 septembre, à Gaza, l'armée israélienne a lancé des missiles contre des bâtiments palestiniens et des tanks ont tiré, à proximité du camp de réfugiés de Nuseirat ainsi qu'à Rafah, près de la frontière égyptienne. Dimanche 16 septembre, à Ramallah, ville elle aussi sous autorité palestinienne, l'armée israélienne a fait des incursions répétées sous prétexte de capturer des membres du Hamas.

Enfin, dans la nuit du lundi 17 au mardi 18 encore, quelques heures avant la trêve et le retrait de leurs troupes, les militaires israéliens sont intervenus au nord et au sud de la bande de Gaza, ainsi qu'au nord de Naplouse, en Cisjordanie. Chaque fois, ces interventions ont fait des morts et des blessés parmi la population palestinienne, sans parler des destructions et des ruines, sans commune mesure avec les victimes militaires israéliennes. Près de Ramallah, en riposte à un soldat israélien blessé par un tir palestinien, des chars israéliens appuyés par des hélicoptères de combat sont intervenus en force. Les militaires israéliens ont bouclé la Cisjordanie et Gaza, interdisant toute circulation, ne laissant plus ni entrer ni sortir personne, coupant de leurs moyens de vivre des milliers de travailleurs palestiniens travaillant en Israël et emprisonnant près de trois millions et demi de Palestiniens.

Ainsi, dans la situation créée par les attentats aux Etats-Unis, Israël a d'abord accentué son propre terrorisme d'Etat contre le peuple palestinien, Sharon déclarant même qu'Arafat était "le Ben Laden d'Israël". C'est dire que du côté du gouvernement israélien et de Sharon, la trêve est un geste circonstanciel, bien plus qu'une inflexion réelle de politique.

La presse a rappelé que la guerre du Golfe, en 1991, avait amené les Etats-Unis, et Israël à leur suite, à faire certaines concessions à l'opinion publique arabe, ce qui avait mené à la conférence de Madrid et aux accords d'Oslo ouvrant la voie à l'Autonomie palestinienne. Mais précisément, on voit aujourd'hui que ces accords n'avaient été qu'une inflexion temporaire de la politique de l'État d'Israël, avant un retour de celui-ci à sa politique de force habituelle envers les Palestiniens, aussi bien sous des gouvernements travaillistes que sous des gouvernements de droite.

C'est dire que la trêve ou même un accord israélo-palestinien qui interviendrait dans ces conditions seraient de toute façon suspendus aux aléas de la politique des dirigeants israéliens et de ceux de l'impérialisme américain, qui se moquent bien du droit des peuples.

Mettre fin véritablement à l'affrontement, jeter les bases d'une coexistence et d'une coopération véritables entre les peuples israélien et palestinien, ne sera possible que si Israël cesse d'être le défenseur privilégié de la domination impérialiste dans la région. Et cela peut dépendre avant tout de la population israélienne elle-même, si elle refuse de continuer à jouer le rôle de soldats de l'impérialisme que lui assignent ses dirigeants.

Partager