Depuis mardi 11 septembre, un mouvement de protestation touche l'école Jean-Zay de Dreux. Les enseignants ont fait grève deux jours et demi, puis ont été relayés par les parents qui occupent l'école tous les matins. Ils s'installent dans le hall, où ont été apposées des affichettes en français, en turc et en arabe, pour que tout le monde comprenne bien, et ils filtrent les appels téléphoniques.

C'est l'annonce de la fermeture d'une classe dans cet établissement qui a fait exploser la colère. Car cette annonce a été faite... plusieurs jours après la rentrée, afin de transférer un poste à l'école voisine Saint-Exupéry où il manque un enseignant. Mais au lieu de créer un poste à Saint-Exupéry, l'inspection académique a décidé de le transférer de Jean-Zay.

La conséquence, c'est que les effectifs vont devoir être répartis dans d'autres classes, qui vont devoir être elles-mêmes réorganisées et devenir toutes à double niveau (CP/CE 1 par exemple) ; bref il faudrait effectuer une deuxième rentrée pour des enfants qui ont des difficultés et ont besoin de repères. Dans cette école une classe a déjà été supprimée par rapport à l'an dernier. En outre le directeur n'est plus déchargé qu'à mi-temps alors qu'il bénéficiait d'une décharge complète l'an dernier. Si le mauvais coup de l'académie aboutissait, on se retrouverait donc avec deux postes et demi en moins, alors que nous sommes passés de 145 à 140 élèves. A cela il faut ajouter que l'école dispose d'un poste "E", un enseignant spécialisé pour les élèves en difficulté... qui n'est à ce jour pas pourvu.

Et puis il faut dire aussi que l'école Jean Zay est classée en zone d'éducation prioritaire (ZEP). Elle est située dans un des quartiers les plus dégradés de Dreux, le Lièvre-d'Or. Plusieurs immeuble y sont à l'abandon, en attente de démolition. Dans les autres, les conditions d'habitation sont très dégradées, faute d'entretien. Plutôt que de supprimer des postes, on devrait donc y faire un effort supplémentaire. Lundi 17 septembre au matin nous sommes allés, à une soixantaine de parents, à Saint-Exupéry où l'instituteur muté devait prendre son service, dénoncer le fait qu'on voulait "déshabiller Pierre pour habiller Paul". Une pétition de soutien a recueilli de nombreuses signatures dans les écoles de Dreux et parmi les familles du quartier. De nombreux articles de presse ont rendu compte de notre mouvement. Jeudi 20, l'inspection académique de Dreux doit recevoir deux délégations, des enseignants et des parents, accompagnées de délégués syndicaux. Il faudra bien que l'inspecteur remballe le mépris qu'il affiche depuis le début car nous ne sommes pas prêts à laisser passer son mauvais coup.