Attentats de New York - La politique des États-Unis : Une longue tradition de terrorisme d'état21/09/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/09/une-1731.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans le monde

Attentats de New York - La politique des États-Unis : Une longue tradition de terrorisme d'état

La politique terroriste, les Etats, et en particulier les Etats-Unis, y ont eu largement recours, que ce soit au cours de la Seconde Guerre mondiale, dans les guerres qu'ils ont menées en Asie ou lors de leurs interventions dans leurs chasses gardées d'Amérique latine.

Pendant la guerre mondiale, les dirigeants américains et leurs alliés anglais craignaient que la défaite de l'Allemagne et du Japon ne déclenche des mouvements populaires de masse parmi les populations, comme cela s'était produit à la fin de la Première Guerre mondiale. Leurs opérations proprement militaires, destinées à écraser les armées ennemies, se doublèrent donc de bombardements terroristes, au plein sens du terme, c'est-à-dire avec pour objectif de terroriser, de disperser la population urbaine et de briser totalement son moral afin de prévenir toute organisation et toute révolte, y compris contre les nazis ou la dictature japonaise, qui eût risqué de remettre en cause les institutions, l'Etat, et d'aller au-delà de ce premier objectif.

Dès 1943, les grandes agglomérations du nord-ouest de l'Allemagne furent soumises à des raids aériens massifs. A Hambourg par exemple, fin juillet 1943, en une semaine, bombes explosives et bombes au phosphore tuèrent 50 000 personnes et firent 800 000 sans-abri. En mai 1944, Berlin subissait le même sort. Le plus dramatique fut le bombardement de Dresde, les 13-14 février 1945. Cette ville n'abritait aucun objectif militaire et pour cette raison était un centre de regroupement de réfugiés. Elle fut complètement rasée par trois vagues de 1 500 avions chacune, espacées de quelques heures, qui tuèrent 135 000 personnes. A chaque fois les troupes alliées étaient loin, c'était la population civile qui était visée, pas les installations militaires ou industrielles.

Dans la guerre du Pacifique, les escadrilles américaines ne parvinrent que fin 1944 à portée des villes japonaises. Mais elles furent alors soumises au même terrorisme conscient. A Tokyo par exemple, le 9 mars 1945 entre minuit et 3 heures du matin, un bombardement fit 200 000 morts. Guère moins que les 250 000 victimes de la bombe atomique à Hiroshima le 6 août 1945, et plus que les 120 000 de Nagasaki trois jours plus tard. L'utilisation de l'arme atomique, lancée par un seul avion, représentait une sorte de perfectionnement dans la terreur, mais n'était que la continuation des raids terroristes conventionnels exécutés depuis plus de deux ans par l'aviation alliée.

Quelques années plus tard après la fin de la guerre mondiale, l'impérialisme américain s'engageait dans une guerre dite "froide" ayant pour objectif affiché de contenir les visées expansionnistes attribuées à l'Union Soviétique. Cela l'amena à mener deux guerres totales, en Corée puis au Vietnam. Les pertes humaines de la guerre de Corée varient selon les sources, entre 600 000 et 2,5 millions de morts, civils et militaires. L'aviation et l'artillerie américaine supérieurement équipée n'avaient pas pour souci d'épargner les civils.

Les destructions effectuées par les bombes, les obus, les défoliants et le napalm américains lors de la guerre du Vietnam, aussi bien au Nord qu'au Sud, restent dans la mémoire de ceux qui ont connu cette période, ici en France, mais plus encore aux Etats-Unis, dont la jeunesse a payé un lourd tribut à cette guerre. Quant aux Vietnamiens, près d'un million et demi sont morts au cours du conflit. Dont l'immense majorité de civils, des femmes, des enfants, des hommes. En tout cas, c'est eux en premier qui ont été frappés par les destructions de forêts et de cultures, eux qui continuent à mourir aujourd'hui encore des suites de leur exposition à l'"agent orange", eux qui continuent à sauter sur les mines dont le pays a été truffé.

Même après le tournant vers le dégagement américain, les bombardements sur les villes et les digues du Vietnam du Nord, particulièrement violents fin 1971 et fin 1972, ont continué, visant à exercer par la terreur une pression sur les négociations alors en cours pour mettre fin à la guerre.

Les interventions terroristes du gouvernement américain en Amérique latine ont sans doute été moins meurtrières, mais plus nombreuses et aussi cyniques. Du Guatemala de juin 1954 à la Grenade en octobre 1983, ou au Panama en décembre 1989, chaque fois ce sont les populations civiles qui ont été visées. Au Panama par exemple, il s'agissait en principe d'obtenir l'arrestation et l'extradition du général Noriega, ancien protégé des Etats-Unis accusé de trafic de drogue. Mais l'intervention se traduisit par le bombardement de quartiers populaires de Panama City, qui firent peut-être 7 000 morts, avant le débarquement de 28 000 soldats. Noriega, lui, était réfugié à l'ambassade du Vatican !

Et l'on n'oublie pas toutes les répressions et coups d'Etat fomentés ou aidés par les gouvernements américains, en Indonésie, au Chili, au Nicaragua, au Honduras, en Turquie, en Iran ou ailleurs, ni les guerres encouragées par eux, comme la guerre Iran-Irak (un million de morts), ni la guerre du Golfe de 1991.

L'impérialisme américain a donc une longue expérience en matière de terrorisme contre les populations civiles. Si l'on en croit les déclarations de Bush et des autres officiels américains, ce terrorisme-là, mené avec les moyens de l'Etat le plus puissant du monde, n'est pas près de cesser.

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