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Leur société
La coupe est pleine
Le Commissariat général du Plan vient de publier un rapport de près de 400 pages sur "la politique de préservation de la ressource en eau destinée à la consommation humaine".
En termes modérés, ce rapport enregistre et énumère les causes des pollutions de l'eau, d'origine surtout agricole, liées à l'usage des engrais et pesticide, et constate que "les préoccupations environnementales n'occupent encore aujourd'hui qu'une position marginale dans la politique agricole". C'est bien le moins qu'on puisse dire !
La situation est décrite de façon plus détaillée. De là, à apporter des solutions, sans parler de les mettre en oeuvre, il y a évidemment un... océan.
Parmi les premières mesures préconisées par les auteurs du rapport figurent des mesures fiscales. Ils voudraient que soit pratiqué «le paiement de redevances assises sur les quantité nettes de substances polluantes émises vers les eaux souterraines ou superficielles." En bref, les pollueurs paieraient en fonction de la pollution des eaux qu'ils engendrent. Cela ne changerait probablement pas grand-chose à la situation, puisqu'en règle générale, les plus gros pollueurs sont aussi les plus gros producteurs, ayant les moyens de payer largement pour continuer à produire -et à polluer- autant qu'ils le veulent, d'autant plus largement qu'ils sont aussi ceux qui touchent les plus fortes subventions des pouvoirs publics, français et européens. Certes, cela pourrait peut-être corriger un peu le scandale que représente le paiement de la redevance actuelle pour pollution des eaux, acquitté à 88 % par les usagers ordinaires, à seulement 12 % par les industriels (ceux-là, on a tendance à les oublier) et pas du tout par les agriculteurs. Mais ce n'est certes pas le fait de payer qui supprimerait la pollution de l'eau et ses causes. D'autant que, comme à chaque fois, ce seront les consommateurs en bout de chaîne qui supporteront le poids de la taxe.
Le rapport désigne donc les agriculteurs comme étant largement responsables de cette pollution. C'est probable quand on sait la quantité invraisemblable d'engrais, de pesticide, des produits phytosanitaires utilisés. Tout cela se retrouve dans les eaux, d'autant plus que l'irrigation s'est généralisée (voir le maïs par exemple) avec des matériels d'arrosage perfectionnés. Les eaux lessivent des cultures surchargées de produits chimiques, et tout cela se retrouve dans les rivières, les étangs, les nappes phréatiques. Encore qu'il faudrait aussi distinguer entre les exploitations, plus ou moins importantes, et entre les agriculteurs qui ne sont pas tous des gros producteurs d'animaux ou de végétaux.
Il y a donc bien évidemment la responsabilité directe des agriculteurs. Mais il ne faudrait pas oublier que la logique qui les pousse à produire, toujours produire plus, c'est la loi du marché. Cette dictature du marché, des agriculteurs en profitent ou la subissent. Mais la collectivité, toute la collectivité, y compris les agriculteurs, en est victime.
Combattre contre la pollution ne peut se concevoir que si, dans le même temps, on s'attaque directement à cette "logique"-là.