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Dans les entreprises
France Telecom : La rentabilité avant tout
L'annonce de la fermeture programmée par France Telecom, d'ici 2004, d'une centaine de ses agences commerciales sur les 650 qui existent actuellement a été démentie par la suite, d'une façon plutôt vague, par la direction. Ce qui n'abuse personne. Nous savons qu'elle juge même que 300 de ces agences sont actuellement non rentables. Sont visées en premier lieu celles situées dans les zones de province, dites rurales, ou dans des secteurs où il n'y a pas beaucoup de monde. Et France Telecom envisagerait de regrouper tous ses points d'accueil dans les villes les plus peuplées et dans les centres commerciaux où il y a beaucoup de passage.
Du point de vue du personnel, 11 000 agents sur les 45 000 de ce secteur seraient concernés par cette "restructuration". Bien sûr, la direction de France Telecom a nié toute idée de plan social. Aujourd'hui, presque 90 % du personnel de France Telecom est fonctionnaire, et la direction a donc en principe à sa charge de maintenir les emplois pour tous quand il y a restructuration. Cela, dans les faits, se traduit pour les agents par des changements de poste de travail qui se répètent de plus en plus, des mutations imposées dans d'autres villes que celles où ils travaillaient.
Dans ses réponses à la presse, la direction a expliqué que "de toute façon, plus de la moitié des agents concernés auraient l'âge de la retraite". Mais, là encore, elle oublie de préciser que ce qu'elle appelle âge de la retraite, c'est le départ en "préretraite" appelé "congé de fin de carrière". C'est possible à partir de 55 ans, mais avec un salaire de 70 % du salaire en activité. Certes, si on part à 55 ans, une prime de départ d'une année de salaire à 70 % est versée... dont les impôts reprennent une bonne partie.
Car maintenant, la politique de la direction est surtout de tout faire pour que les anciens libèrent la place... pour ne pas les remplacer, ou au compte-gouttes, par des jeunes en contrats plus ou moins sûrs et surtout moins payés.
La direction a ajouté que le reste du personnel aurait le droit d'aller travailler sur les plates-formes d'appel pour répondre aux clients du téléphone portable ou d'Internet qui veulent un renseignement technique ou une explication sur leurs factures ; ou encore sur les centres où le personnel est chargé de vendre par téléphone du matériel ou des services de France Telecom, comme d'autres "téléopérateurs", quand ce ne sont pas les mêmes, vendent des cuisines ou tout autre matériel. La direction de France Telecom s'est même vantée de ce qu'en deux ans, 70 000 agents sur les 145 000 de l'entreprise ont changé de métier ! Comme si cela s'était fait dans la joie et sans contrainte pour les employés.
Et si France Telecom a tenu à préciser qu'il n'y aurait pas de "plan social", elle n'a rien dit du personnel contractuel qui travaille dans ce secteur.
Du point de vue des usagers, cela se traduira par des déplacements encore plus importants pour pouvoir rencontrer un agent ou alors tout devra se passer... par téléphone, sans pouvoir vérifier de visu quoi que ce soit des propositions. Car pour la direction, ce qui compte avant tout, ce ne sont pas les "clients" (on ne dit plus les usagers...), bien sûr pas non plus le personnel, mais les résultats positifs pour satisfaire les gros actionnaires !