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- Lutte ouvrière n°1729
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Leur société
Gazole : Un geste électoral qui n'efface pas l'ardoise
Sur un litre de gazole à 5,30 francs, la taxe représente 3,32 francs, soit près des deux tiers du prix. A quelques mois des élections, Jospin a fait savoir qu'il n'envisageait pas une nouvelle augmentation de cette taxe. Autrement dit, on continuera à payer, mais le Premier ministre voudrait sans doute qu'on le remercie parce que cela pourrait être pire.
Le gouvernement avait justifié des augmentations répétées de la taxe sur le gazole ces dernières années par un « rattrapage » par rapport à l'essence dont la taxation est encore plus élevée (4,91 francs sur un prix du litre à 7,05 francs, soit 69,6 % actuellement). Une nouvelle hausse de la taxe du gazole de 7 centimes devait intervenir en janvier prochain : autrement dit, juste avant les élections. C'est pourquoi Jospin a laissé entendre qu'il y renoncerait, écrasant au passage quelques plates-bandes des Verts. Dominique Voynet n'a pas manqué de se dire « déçue » tandis que Noël Mamère donnait de la voix, fustigeant le « manque de courage politique » de Jospin et son « électoralisme pur et simple ».
Il est évident que le geste de Jospin renonçant (provisoirement) à une nouvelle hausse est destiné à glaner quelques voix. Mais la contrariété et les protestations entendues du côté des Verts ne vont ni dans le sens de l'écologie, ni dans celui de la défense des intérêts des travailleurs. Si le gouvernement voulait prendre des mesures incitatives pour dissuader l'utilisation d'une voiture individuelle - à essence ou diesel -, il faciliterait l'usage des transports en commun. Leur développement à la périphérie des villes, à l'échelle régionale, avec des horaires pratiques, des tarifs à bon marché ou gratuits, pourrait permettre de préserver la qualité de l'air. Et tout simplement, il faciliterait la vie de la population.
Mais le gouvernement Jospin tourne le dos à de tels choix. Et tout ce qu'il a trouvé, c'est de recouvrir d'un vernis « écologique » à la mode dans certains milieux petits-bourgeois, la vieille politique qui consiste à taxer la consommation, en fait en frappant particulièrement les classes populaires.