Guadeloupe : Reactions contre la propagande xenophobe d'un journaliste31/08/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/08/une-1728.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Guadeloupe : Reactions contre la propagande xenophobe d'un journaliste

Le mercredi 5 septembre prochain, Ibo Simon, animateur vedette de la chaîne de télévision locale "Canal 10" doit passer en jugement au tribunal de Pointe-à-Pitre. Il est cité à comparaître pour avoir tenu des propos racistes et xénophobes contre les immigrés haïtiens. Plusieurs associations d'immigrés haïtiens ainsi que l'association "Les amis d'Haïti" ont porté plainte. Elles sont soutenues par une série d'associations et d'organisations politiques de gauche, d'extrême gauche (dont Combat Ouvrier), de groupes nationalistes et de syndicats. Un "appel contre la barbarie" a été signé par de très nombreuses personnes et personnalités.

Les propos racistes, xénophobes et méprisants de ce présentateur qui ne cache pas ses sympathies pour Le Pen ne sont pas nouveaux, mais ils ont pris un cours beaucoup plus systématique et violent ces derniers mois, en particulier depuis la campagne électorale des municipales. Lors de ces élections, en s'appuyant sur les sentiments de frustration de bien des gens ainsi que sur le sentiment d'insécurité, lié au développement de la criminalité en tout genre, et en en faisant porter la responsabilité sur les immigrés, Ibo Simon a obtenu plus de 20 % des voix à Pointe-à-Pitre, forçant Bangou, le maire sortant, à aller au second tour.

Le fait d'être un Noir lui-même n'empêche pas Ibo Simon de s'en prendre régulièrement aux "Noirs" qui ne seraient que des bons à rien et des "paresseux". Mais sa haine raciste vise plus particulièrement la communauté haïtienne, qui constitue la plus importante population immigrée. Dans ses propos, ses membres sont régulièrement traités de "vermine", "racaille", voire de "chiens" et Ibo Simon a, à plusieurs reprises, lancé des appels à la formation de groupes d'intervention pour aller déloger les Haïtiens dans certains quartiers.

Mais les Haïtiens ne sont pas les seuls qu'Ibo Simon désigne comme boucs émissaires et à qui il fait porter la responsabilité de tous les maux de l'île : délinquance, chômage, manque de place dans les hôpitaux, etc. Il s'en prend aussi aux Dominicais (originaires de la petite île de Dominique, située entre la Guadeloupe et la Martinique), deuxième communauté d'immigrés en Guadeloupe. C'est ainsi que passant de la parole aux actes, Ibo Simon et ses partisans ont encouragé la mise à sac de la maison d'une famille dominicaise à Morne-à-l'Eau, le 22 juillet dernier. Le locataire était accusé de ne pas payer son loyer depuis cinq ans et d'avoir eu une altercation avec sa propriétaire guadeloupéenne. Ibo Simon a appelé ses partisans à renouveler ce genre d'expédition punitive.

Depuis plusieurs semaines, l'émission de l'animateur xénophobe est suspendue. Ibo Simon et sa direction prétendent que cela est dû aux congés annuels du présentateur. Mais il semble bien que face aux pressions, le directeur de "Canal 10" ait décidé de suspendre Ibo Simon d'antenne. Quant au CSA (Conseil Supérieur de l'Audiovisuel), bien qu'il ait été saisi de l'affaire depuis longtemps, il ne semble pas pressé de prendre une décision.

En tout cas, les travailleurs de Guadeloupe, eux, ont bien des raisons de ne pas laisser passer de tels propos et de tels actes sans réagir. En essayant de détourner l'attention des pauvres contre les "étrangers", Ibo Simon et ses semblables ne font que protéger les patrons, les seuls responsables du chômage, de la misère et de l'exploitation qui sévissent sur l'île.

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