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Leur société
Révolte à la prison de Grasse
Une révolte à la prison de Grasse, dans les Alpes-Maritimes, a éclaté lundi 30 juillet, deux jours après l'annonce de 'la mort d'un mineur de '17 ans, asphyxié par les gaz dégagés par le feu qu'il avait, semble-t-il, mis lui-même à son matelas. Une douzaine de prisonniers ont été blessés, dont trois plus sérieusement, au cours de l'intervention des policiers.
Les médias mettent cette révolte sur le compte de la chaleur et de l'action de " meneurs ". C'est certainement en partie vrai. Mais la cause essentielle reste l'indignation soulevée par la mort du jeune : à 17 ans, alors qu'il était en détention préventive pour sa participation présumée à des hold-up, et donc toujours supposé innocent, il avait été placé au " mitard " à la suite d'une bagarre.
De façon plus générale, la surpopulation dans les prisons, la brutalité avec laquelle gardiens et policiers maintiennent l'ordre, les conditions dégradantes d'incarcération ne peuvent que susciter des révoltes de ce genre.
De la garde à vue à la prison : violences policières au quotidien
D'ailleurs, un rapport, rendu public le 26 juillet par le Comité européen pour la prévention de la torture, fait le point sur les conditions de détention dans différents commissariats et établissements pénitentiaires et souligne les mauvais traitements infligés par les forces de l'ordre au cours des interpellations et des gardes à vue.
Au cours des interpellations, les brutalités, " coups de poings et de pieds, personnes violemment jetées à terre, menottes trop serrées " sont monnaie courante.
En garde à vue, souvent entassés dans des cellules exiguës, les détenus dorment parfois sans matelas et sans couverture. Ils ne sont pas toujours nourris correctement, n'ont pas la possibilité de se laver ni de changer de vêtements. Parfois, c'est même pire : le rapport cite le cas d'un détenu interrogé et brutalisé par la Division nationale antiterroriste, jour et nuit, pendant près de 60 heures d'affilée, avec seulement six heures de repos. Dans un autre cas, des instructions écrites ont été données, selon lesquelles il ne fallait pas donner de couverture à un détenu ni éteindre la lumière dans sa cellule la nuit.
Dans la plupart des prisons, généralement surpeuplées, l'insalubrité, le manque d'aération et de lumière dans les cellules, le manque d'hygiène, l'absence de promenades sont la règle. A cela s'ajoutent les comportements agressifs et les insultes de la part des matons, ainsi que les mauvais traitements. A Fresnes par exemple, des prisonniers ont été attachés sur leur lit, sans raison valable, certains pendant dix jours !
Une fois de plus, les centres de rétention d'Arenc (Marseille), de Bobigny et du Palais de justice de Paris sont montrés du doigt pour les conditions sordides dans lesquelles ils parquent les détenus. Quant aux zones d'attente, ce sont de véritables prisons pour étrangers, qui y subissent les comportements racistes des policiers. Récemment encore, un homme d'origine turque, pour avoir refusé de se laisser expulser, a été " projeté à terre, frappé à coups de poing au visage, maintenu au sol avec le pied d'un policier sur la gorge, puis sur le thorax puis bâillonné avec du ruban adhésif ", à Orly. Une situation scandaleuse et des atteintes à la dignité humaine que la politique sécuritaire et anti-immigrée des gouvernements successifs, y compris celle du gouvernement Jospin, ne peuvent que renforcer.