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Leur société
Risques professionnels : Une exploitation de plus en plus féroce
La Caisse nationale d'assurance maladie vient de publier ses statistiques annuelles sur les risques professionnels pour l'année 2000. Les accidents graves sont en augmentation de 5 %. Quant aux accidents mortels, ils sont passés de 669 en 1998 à 702 en 1999, et 746 en 2000. Les maladies professionnelles reconnues, elles, malgré la difficulté à les faire reconnaître comme telles par la Sécurité sociale, ont triplé en huit ans.
L'essentiel de l'augmentation de ces maladies professionnelles est dû aux affections péri-articulaires, ce qu'on appelle les TMS en matière d'accidents du travail. Or ces affections, celles du canal carpien, les tendinites à répétition, les inflammations articulaires et musculaires diverses, sont le résultat direct de l'aggravation des conditions de travail dans les usines, voire dans les services.
Oui, l'origine de cette recrudescence est connue : cadences et rythmes de travail accélérés, postures agressives dans le travail, port de pièces sans assistance. Ce que les patrons (hier, Peugeot, lors de la réouverure de Sevel-Nord à Hordain, ou Toyota dernièrement) appellent, "l'investissement sur les hommes", en oubliant d'en préciser le sens : les économies sur les machines, les robots et les outils d'assistance, afin, grâce à ces économies, d'améliorer les résultats financiers des groupes, sur la peau de leur personnel
Ces stastistiques ne donnent qu'une image déformée des conséquences de l'exploitation subie. Sur les 128 maladies professionnelles mortelles recensées en 2000, seules un dixième sont reconnues comme se rapportant à l'amiante. Or ce sont des milliers de cas de cancers et d'autres pathologies directement liées à l'inhalation de l'amiante au travail dont sont victimes chaque année les travailleurs et qui, à l'heure actuelle, ne sont toujours pas comptabilisés comme maladies professionnelles. Il faut, presque à chaque fois, des procès pour que la Sécurité sociale les reconnaisse comme tels.
Mais ce faisant, comme pour la contestation quasi systématique des maladies professionnelles ou des taux d'incapacité résultant de tous les autres accidents du travail, la Sécurité sociale ne défend même pas ses intérêts financiers. La seule chose qu'elle défend en contestant la réalité, ce sont les comptes en banque de tous les patrons. En effet la caisse des accidents du travail est uniquement alimentée par les cotisations patronales, qui elles-mêmes dépendent du taux de gravité enregistré dans chaque entreprise. Ce taux de gravité dépend des jours d'arrêt de travail, des incapacités et évidemment des morts déclarés comme accidents du travail ou maladies professionnelles. La Sécu et ses gestionnaires paritaires, syndicats et patrons, font le pendant de ce que les patrons font dans les usines, pour la même raison, en faisant pression, par exemple, pour que les accidentés restent à l'usine, même blessés ou au pire se déclarent en maladie, ce qui arrange les statistisques et les caisses des patrons sans que ceux-ci aient besoin d'investir quoi que ce soit dans la sécurité.
Oui, c'est bien avec la santé et la peau des travailleurs que les patrons font leurs profits.