Lundi 16 juillet, Lionel Jospin était invité à déjeuner par certains de ses amis patrons. Il y avait là Maurice Lévy, l'organisateur du repas, président de Publicis, Franck Riboud (Danone), Thierry Desmaret (TotalFinaElf), Louis Schweitzer (Renault), Édouard Michelin, Jean-Luc Lagardère...

Tous ces dirigeants des plus grandes entreprises de France tenaient à donner leur avis sur la politique du Premier ministre. Disons tout de suite que le ton général était au satisfecit. Tout ce beau monde a apprécié en particulier les efforts du gouvernement pour leur faciliter le travail en matière de restructurations industrielles. Ils lui sont reconnaissants aussi d'avoir rendu la France plus attractive pour les investisseurs et les dirigeants d'entreprise.

Au passage, Édouard Michelin a reconnu des "erreurs de communication" lors de l'annonce de son plan de 7 000 suppressions d'emplois. Bien sûr, ce n'était pas la décision qui était regrettable, mais la manière de l'annoncer... Franck Riboud, spécialiste ès licenciements lui aussi, a donné quelques bons conseils à Jospin, regrettant par exemple que la loi dite de "modernisation sociale" ne lui facilite pas assez la fermeture de ses usines.

Certains patrons ont expliqué que la loi sur les 35 heures leur avait permis de réorganiser le travail (sous-entendu : d'augmenter l'exploitation des salariés) et que c'était donc finalement une bonne chose pour eux.

Bref, les patrons semblent très contents de leur représentant au gouvernement. Rien de plus normal, Jospin sert la soupe et les bons plats aux patrons licencieurs. Quant aux travailleurs et futurs chômeurs, ils ont droit, eux, aux faux-semblants et aux paroles trompeuses qui ne coûtent rien.