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- Lutte ouvrière n°1724
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Tribune de la minorité
G8 à Gênes : On affame les pauvres, on tire sur les contestataires
Les dirigeants du G8, le club des huit pays les plus riches de la planète, réunis à Gênes la semaine dernière, ont réaffirmé leur rôle dirigeant dans le monde. Ce monde où les 20 % les plus pauvres se partagent 1,4 % de la richesse mondiale, et où 1,6 milliard d'hommes vivent avec moins de 1 dollar par jour.
La pauvreté à un bout, la richesse à l'autre : celle des grandes entreprises, de la bourgeoisie, celle de ces 225 plus grosses fortunes qui détiennent à elles seules plus de mille milliards de dollars, l'équivalent du revenu annuel des 2,5 milliards les plus pauvres.
Les pays pauvres sont étranglés par les intérêts d'une dette qui pompe une large part des recettes des Etats. Une dette souvent en fait déjà remboursée mais dont il faut continuer à payer les intérêts. comme la santé ou l'éducation.
Les dirigeants du G8 prétendaient parler de "combat contre la pauvreté" et "d'aide au développement". L'annulation de cette dette, même très insuffisante pour sortir de la pauvreté, serait un minimum. Mais pour les financiers et les dirigeants du G8, ces fidèles défenseurs des intérêts de la bourgeoisie occidentale, il n'en est pas même question.
Sur le terreau de la misère, se développent des maladies comme le SIDA : sur 36 millions de personnes atteintes dans le monde, 25 le sont en Afrique subsaharienne.
Les virus n'ont pas besoin de visa pour franchir les frontières, alors les dirigeants des grandes puissances font semblant de se préoccuper de la santé du monde. A Gênes, ils ont fait grand bruit autour de la création d'un fonds mondial contre le Sida et les maladies infectieuses, doté de 1,8 milliard de dollars. Somme bien insuffisante, de cinq fois inférieure au coût de ce bouclier anti-missiles - baptisé "guerre des étoiles" et départ d'un nouveau développement de la course aux armements à l'échelle mondiale - auquel les Etats-Unis, à eux seuls, ont prévu de consacrer 8,3 milliards de dollars.
Le système capitaliste que gèrent les dirigeants du G8, c'est la misère organisée pour les pays pauvres. Quant aux pays riches, c'est l'enrichissement assuré... pour le patronat, mais le chômage et les vagues de licenciements pour les travailleurs.
Le monde est pourtant plus riche que jamais et plus que jamais en mesure d'assurer à tous de quoi vivre décemment. La misère, la pauvreté en sont d'autant plus scandaleuses. Ceux qui l'organisent d'autant plus haïssables.
Les 200 000 manifestants, jeunes pour la plupart, qui à Gênes ont marqué leur révolte contre ces dirigeants et cette société inique, avaient bien raison, même si leur geste ne pouvait rester que symbolique. Face à cette contestation, le pouvoir italien avait minutieusement préparé son appareil de répression. Les 20 000 policiers mobilisés s'en sont pris indifféremment aux manifestants. Ils ont fait 500 blessés. Un manifestant a été abattu, par deux balles dans la tête, puis écrasé volontairement par une jeep de carabiniers. Ce meurtre n'a pas suffi à la police : elle a attaqué le lendemain en pleine nuit, à coups de matraques, le quartier général des organisateurs et leur centre de presse.
Ces démonstrations de forces sanglantes sont un échantillon de ce que les Etats, prétendus démocratiques ou pas, sont prêts à mettre en oeuvre lorsque leur pouvoir, celui des patrons, est mis en cause.
Reste que face à la minorité bourgeoise et à ses hommes de main, une force sociale peut s'imposer : la classe ouvrière. Les travailleurs, des pays riches comme des pays pauvres, sont non seulement la grande majorité mais ils produisent toutes les richesses, et ils ont le pouvoir de renverser cet ordre capitaliste et les Etats à son service.