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- Lutte ouvrière n°1723
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Rouleau Guichard (Région de Toulouse) : Un patron licencieur, la preuve par neuf...
Le groupe Rouleau Guichard est un groupe textile qui fabrique essentiellement des sous-vêtements pour les hypermarchés. Deux frères toulousains dirigent ce groupe et en sont les principaux actionnaires. A Toulouse, quatre sites de production totalisent plus de 500 personnes, et d'autres sites, plus petits, comptent 250 personnes dans la région.
Le groupe Rouleau se flattait encore récemment de produire la majeure partie de sa production en France, mais aujourd'hui, la production est de plus en plus délocalisée en Tunisie et en Roumanie. Et selon les objectifs du patron, 50 % de la production devraient être délocalisés prochainement. Les raisons de tels choix sont clairs : réduire la part des salaires pour chercher le profit maximum. Un accord sur la RTT a été signé il y a un an et demi avec le syndicat FO créé à cette occasion. Le patron a touché les exonérations de charges sociales prévues, mais en plus, cet accord a prévu la suppression d'une centaine d'emplois rien que sur Toulouse, la situation étant du même ordre sur les autres sites. Ces licenciements se produisent toujours par paquets de neuf. La raison en est simple : à partir de dix personnes licenciées, un patron doit présenter un plan social. Non seulement le groupe Rouleau Guichard se porte bien et fait des profits, mais il se permet d'acheter des hôtels de grand luxe : on peut citer à Toulouse le Capoul et l'Opéra, deux fleurons de l'hôtellerie, quatre autres à Paris, un à Barcelone et un autre à Marrakech. Autant dire que lorsqu'ils licencient, les patrons n'ont pas le couteau des créanciers sous la gorge.
Il y a deux mois, après l'annonce d'une nouvelle charrette de neuf licenciements à Toulouse, une grève a éclaté. Parmi les licenciés, deux travailleurs avaient été aperçus lors d'une manifestation de la CGT, et il apparaissait évident que c'était avant tout cela que la direction leur reprochait. La grève n'a pas permis d'empêcher ces licenciements, mais pour la première fois, des travailleurs s'étaient mis en grève pour les dénoncer.
Les élections professionnelles ont eu lieu récemment. La CGT, créée depuis peu, se présentait pour la première fois, et a obtenu 55 et 56 % des voix en CE et en DP dans le collège ouvrier. Ces résultats ont été ressentis comme une victoire. Depuis, pour se venger de sa défaite, la direction vient de décider de retirer les dépassements d'heures syndicales des déléguées de la CGT. Ainsi, cinq travailleuses se sont vu retirer entre 2000 et 3500 francs sur la dernière paye, ce qui pour certaines représente plus de la moitié du salaire, qui parfois ne dépasse pas 7 000 francs après plus de dix ans d'ancienneté.
Dernièrement, une table ronde s'est tenue à Carcassonne, en présence notamment du patron et des pouvoirs publics. Et si ces derniers ont rappelé l'importance des aides financières de l'État au patron de Rouleau Guichard, il n'a jamais été question pour eux de prendre la moindre mesure lui interdisant de licencier, ou même de lui demander de rembourser cet argent.
Tout récemment, à l'annonce de nouveaux licenciements, à Lavelanet, l'usine a été paralysée par une semaine de grève. A Castelnaudary, il y a eu de nombreux débrayages. Les ouvrières de ces deux sites ont saisi l'occasion de la tenue du CE pour débarquer au siège social à Toulouse. Elles ont été rejointes par une partie du personnel de deux sites toulousains.
Il est aujourd'hui de plus en plus clair pour de nombreux travailleurs qu'il faut réagir. Rouleau Guichard a de l'argent, c'est lui qu'il faut faire payer.