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- Lutte ouvrière n°1721
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Nettoyage Challancin RER ligne C : 36e jour de grève
Voilà déjà plus d'un mois de grève, pour les travailleurs qui assurent le nettoyage de 24 gares de la ligne C du RER. Quand la soixantaine de travailleuses et travailleurs de ce chantier s'arrêtent, cela ne passe pas inaperçu. A Saint-Michel, Austerlitz, Invalides et ailleurs, c'est sale, c'est insalubre, surtout avec la chaleur. Mais la pleine responsabilité en est à la SNCF et à la société Challancin dont elle est donneur d'ordres.
La grève a démarré et continue pour la satisfaction de revendications qui relèvent de la stricte application du Code du travail. L'inspection du travail a constaté les nombreuses infractions commises sur le chantier : 72 % des nettoyeurs n'ont pas eu la visite médicale obligatoire dans les délais légaux (dans ce métier pourtant à hauts risques), les contrats à durée déterminée, quand ils ont été signés par la direction, ne sont pas conformes à la législation, Challancin n'applique pas la convention collective qui devrait l'être et vole ainsi aux salariés plusieurs dizaines de milliers de francs. Par ailleurs, certains grévistes n'ont toujours pas reçu, à ce jour, la totalité de leur paie de mai, ni le remboursement des heures retirées abusivement, ni leurs primes, etc. Sans parler des procédures de licenciement engagées contre quatre délégués.
Challancin s'est seulement engagé en paroles devant un tribunal à satisfaire une partie des revendications, ce qui a suffi au tribunal pour juger qu'il "apparaît que la grève n'est plus licite"... La seule chose qui est manifeste, c'est que le patron n'a strictement rien cédé. Il a en revanche envoyé des lettres de menaces aux salariés pour les sommer de reprendre le travail sous peine d'être licenciés !
La situation est donc totalement bloquée, ce dont la SNCF est la première responsable. Elle a jusque-là soutenu Challancin, joué sur le pourrissement de la grève. Alors que les nombreuses escroqueries de cette entreprise lui ont été montrées et démontrées, elle fait la sourde oreille, et laisse faire une entreprise aux moeurs douteuses qui vit largement des prébendes du Conseil régional d'Ile-de-France.
Les revendications ne sont pas satisfaites.
La détermination des grévistes ainsi que la demande de l'ensemble des organisations syndicales (CFDT, FO, SUD, FGAAC, UNSA, CFTC, CGT) ont cependant contraint la SNCF à faire un geste, après réception du rapport de l'Inspection du travail confirmant la légitimité d'une bonne partie des revendications des grévistes.
La SNCF a finalement contacté Challancin, le 28 juin, pour qu'il daigne recevoir le projet de protocole des grévistes présents pendant plusieurs heures dans les locaux de la direction d'Austerlitz. Cela dit, le contre-projet qui est parvenu aux grévistes le lendemain ne fait aucune référence à la levée des plaintes et procédures de licenciement à l'encontre des quatre délégués syndicaux du chantier et fait croire que les revendications ont été satisfaites. Il veut faire passer des acomptes perçus par les ouvriers en mai pour les remboursements qu'il leur doit, il veut les arnaquer sur le taux horaire, il cherche à ne pas régulariser les contrats de CDD qui de fait sont des CDI, et se paie le culot de dire que tous les travailleurs ont passé les visites médicales réglementaires ou ont été convoqués Pour certains, en dernière minute et en pleine grève, sous menaces de sanctions !
Pour les grévistes, rien de tout cela ne fait le compte.
La grève continue, reconduite chaque jour en assemblée générale par quasiment 100 % des travailleurs du chantier.