Renault Véhicules Industriels Vénissieux - Saint-Priest : Mobilisation pour faire reconnaître l'exposition à l'amiante29/06/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/06/une-1720.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault Véhicules Industriels Vénissieux - Saint-Priest : Mobilisation pour faire reconnaître l'exposition à l'amiante

Un Comité amiante de prévention et de réparation (Caper) est en train de se constituer à RVI-Vénissieux-Saint-Priest ainsi qu'à l'usine Irisbus (ex-RVI) d'Annonay. Le collectif déjà existant a tenu une conférence de presse jeudi 21 juin pour alerter l'opinion.

En effet, des ouvriers ont travaillé avec l'amiante pendant des années, certains en sont déjà décédés et le comité voudrait faire classer l'entreprise par le ministère du Travail au même titre que les entreprises ayant fabriqué des matériaux amiantés, et bénéficier du droit à une retraite anticipée pour tous ceux qui ont respiré des poussières d'amiante.

Cette préretraite, à partir de 50 ans au plus tôt, est calculée sur la base d'un an de retraite anticipée pour trois ans d'exposition.

A l'usine Ponts, de 1970 (date de création de cette unité) à 1996 (date de l'interdiction de l'amiante), des garnitures de freins en amiante ont été usinées. Ainsi raconte un ouvrier : "Quand je suis arrivé aux freins, j'ai commencé à travailler au perçage des mâchoires et des garnitures Ferodo en amiante. Ces postes n'étaient pas équipés d'aspirateurs, quant aux masques on ne connaissait pas ! Sur la perceuse TEM il fallait faire tomber fréquemment les copeaux et la poussière, d'où balayettes et soufflettes."

A la forge également, l'amiante était beaucoup utilisé par les soudeurs, les estampeurs et par tous ceux qui travaillaient à l'entretien.

Daniel, soudeur, raconte : "Pour me protéger de la chaleur, j'utilisais des plaques d'amiante de 1,5 m2 de surface et 10 ou 15 mm d'épaisseur. Je coupais des morceaux pour faire la forme de la gravure, j'avais aussi de la toile et des gants en amiante. J'utilisais toujours le pistolet à aiguilles et la soufflette pour nettoyer les gravures." Jean, qui était à l'entretien, explique : "Nous intervenions sur les embrayages et les freins des minipresses (meulage, perçage, grattage des Ferodo), la maintenance des fours à induction et du four tournant nécessitait de manipuler des plaques de Syndagno et de fibreux contenant de l'amiante. Les différentes opérations demandaient des usinages dégageant eux aussi de la poussière."

Mais tous ceux qui travaillaient autour étaient aussi exposés, Daniel poursuit : "Quand je faisais du décriquage, tout le secteur était noyé dans un brouillard d'amiante et de fumée de métal."

Les dangers de l'amiante étaient connus depuis 1906, mais les ouvriers n'ont jamais été informés. Et même quand un décret a été pris en 1977, il n'a jamais été appliqué. Même après 1996 quand l'amiante a été interdit, la direction a fait le minimum pour se couvrir, mais tout le monde n'a pas été informé correctement et beaucoup n'ont pas rempli les dossiers à l'infirmerie.

Quand on quitte l'entreprise, pour la retraite, on a un certificat d'exposition et donc un suivi médical. Mais beaucoup de retraités sont partis avant 1996 sans certificat d'exposition. S'ils meurent d'un cancer du poumon, le lien n'est pas forcément fait avec leur activité professionnelle. Le problème se pose donc aussi de contacter les retraités. C'est ce qui explique qu'il n'y a qu'une vingtaine de cas reconnus comme maladie professionnelle pour tout le groupe RVI, dont une quinzaine à Vénissieux. Il y a aussi tous les intérimaires qui sont passés dans l'entreprise et les ouvriers de sous-traitance, qui, eux, n'ont aucune information.

Pour l'instant le collectif essaye de contacter le maximum d'ouvriers ayant été au contact de l'amiante, de manière à accumuler les témoignages pour obtenir la reconnaissance, par le ministère, du fait que l'entreprise a largement utilisé l'amiante.

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