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- Lutte ouvrière n°1720
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Dans les entreprises
Renault - Guyancourt (Yvelines) : Élections des délégués du personnel... avec six mois de retard
Les élections des délégués du personnel se sont déroulées à Renault-Guyancourt le 7 juin 2001 alors qu'elles auraient dû avoir lieu le 7 décembre 2000. Suite aux procédures juridiques de la CGT et de Sud contestant les effectifs pris en compte pour les élections, puisqu'ils excluaient les entreprises prestataires de services présentes sur le site, la direction en avait profité pour suspendre les mandats de délégués du personnel de début janvier à début avril 2001.
Sur une totalité de 2 200 prestataires, l'expert nommé par le tribunal a pris en compte 654 prestataires : ceux ayant douze mois de présence continue sur les quinze derniers mois. Trois semaines avant les élections, la direction envoyait à ces derniers un courrier les informant qu'ils étaient inscrits sur les listes électorales, en les prévenant : "Le droit vous est offert de refuser votre inscription sur les listes électorales". Par ailleurs, des patrons de sociétés de prestations seraient venus au Technocentre faire pression individuellement sur les prestataires pour qu'ils ne votent pas.
L'établissement appelé TCR regroupe administrativement le Technocentre de Guyancourt et Aubevoye dans l'Eure. Les élections ont eu lieu dans chaque site. Par rapport à 1998, les effectifs de Renault au Technocentre sont passés de 5268 à 7240, ce qui correspond au déménagement de services de Billancourt et à l'embauche de 800 cadres et de 530 techniciens au cours de l'année 2000. A Aubevoye les effectifs sont passés de 497 à 583.
Dans l'ensemble, il est à remarquer une augmentation de l'abstention. Elle était de 25 % en 1998, de 34 % aux élections au Comité entreprise de mars 2001 et, en juin 2001, elle atteint plus de 40 %.
Pour le Technocentre de Guyancourt, la CGT reste majoritaire au 1er collège avec 76 %, et Sud obtient 21 %. Mais ce collège ne représente plus que 211 travailleurs sur ce site. Par contre, au 2e collège qui regroupe 7 029 employés, techniciens, cadres, la CGT n'obtient plus que 29 % et 20 élus contre 38 % en 1998. La CGC 32 % et 24 élus contre 28 %, la CFDT 15 % et 10 élus contre 28,6 % et Sud 16 % et 12 élus (ce syndicat n'existait pas en 1998). FO et la CFTC ont pour la première fois 2 élus chacun.
Sud a donc bénéficié d'une grande partie des électeurs de la CFDT. La CGC, elle, a été favorisée par l'embauche massive de cadres. Quant à la CGT le départ de quelque 400 travailleurs en préretraite avec la CASA lui a été certainement défavorable.
Un bureau de vote était réservé aux prestataires et sur les 560 inscrits en définitive, 176 se sont exprimés. Dans ce bureau, la CGT a obtenu 27,8 %, Sud 34,1 %, la CFDT et la CGC chacune 10,8 %, Les syndicats qui avaient contesté les effectifs donnés par la direction obtiennent les meilleurs scores.
A Aubevoye la situation est assez différente du Technocentre. Au premier collège le quorum n'a pas été atteint pour les suppléants et dans les titulaires la CGT obtient seulement 20 % contre 39 % en 1998. Depuis un an la présence CGT s'est profondément amoindrie sur ce site. La création du syndicat Sud a provoqué la totale disparition de la CFDT, et il obtient 80 % des voix et les 3 titulaires.
Au 2e collège, comme en 1998, la CGT ne présentait pas de candidats. Sud a obtenu 61 % et 6 élus, la CGC obtenant 39 % et 4 élus.
La CGC, au 2e collège, est donc devenue au Technocentre la première organisation syndicale. Elle a fait des tracts corporatistes en direction des jeunes techniciens, appuyant leurs souhaits et leurs illusions sur le passage au statut de cadre. Mais surtout, on a pu voir que les problèmes des travailleurs , surcharge de travail, heures supplémentaires, augmentation de salaires, n'était vraiment pas la préocupation des syndicats.