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- Lutte ouvrière n°1720
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Leur société
Mieux vaudrait pas de tva du tout
Le gouvernement Juppé avait augmenté de deux points le taux général de la TVA, le faisant passer de 18,6 à 20,6 %. En arrivant aux affaires en 1997, le gouvernement de la gauche plurielle n'avait pas souhaité annuler entièrement la décision de son prédécesseur, il avait préféré ramener le taux à 19,6 % et proposé, pour compléter, des baisses ciblées de la TVA dans certains secteurs. Ces baisses ciblées viennent d'être critiquées dans un rapport du Conseil des impôts.
En effet, en acceptant des baisses dans le secteur des médicaments, du logement social, pour les abonnements souscrits pour la fourniture de gaz et d'électricité, le traitement des déchets, les appareillages destinés aux diabétiques et à certains handicapés, les travaux d'amélioration des logements privés ou les services à la personne, le gouvernement a en pratique accordé des subventions à ces différents secteurs pour un total frisant les 20 milliards de francs. Le Conseil des impôts, qui sait rester attentif à la voracité du patronat, estime qu'il aurait été préférable d'accorder un allégement général des charges sociales sur les bas salaires.
Il admet cependant que baisser la TVA permet de réduire les prix et, par ricochet, de stimuler la demande et créer des emplois. Pour éviter ces baisses à la carte, qui profitent selon lui d'abord aux secteurs qui savent se faire entendre du gouvernement, un "lobbying forcené" dénoncé par le Conseil des impôts, le gouvernement aurait donc mieux fait de ramener simplement la TVA à son taux de départ de 18,6 %.
Mais il y aurait une mesure bien plus radicale qui n'a évidemment pas effleuré ces experts, ce serait la suppression pure et simple de la TVA, un impôt particulièrement injuste puisqu'il frappe de la même façon, sur ce qu'ils achètent, les très riches comme les plus démunis, ce qui proportionnellement est d'autant plus lourd à supporter pour ceux dont les revenus sont faibles.
Mais alors que deviendraient les recettes de l'Etat ? Eh bien, il faudrait les alimenter par un impôt direct progressif qui ménagerait les bas revenus et frapperait lourdement les plus riches.
Ces dernières années, les gouvernements successifs, qu'ils soient de droite ou de gauche, se sont relayés pour mener exactement la politique inverse, réduisant le taux d'imposition des entreprises et l'impôt sur les grandes fortunes.
Imposer fortement les sociétés et les fortunes serait un moyen de faire enfin profiter des richesses l'ensemble de la société, c'est-à-dire ceux qui les produisent et n'en voient guère la couleur, en se donnant ainsi les moyens de doter la communauté d'équipements collectifs, écoles, transport ou santé, etc.