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- Lutte ouvrière n°1720
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Dans les entreprises
Ericsson - Massy (Essonne) : - Contre les 191 licenciements, la résistance s'organise
En avril dernier chez Ericsson nous apprenions par la presse la décision de la direction de supprimer 10 000 emplois dans le monde. L'information venait des syndicalistes de Lund, en Suède, choqués parce que déjà touchés durement, quelques mois plus tôt, par un autre plan de licenciements. La raison ? Pour conserver une marge de profit d'au moins 10 %, la direction voulait planifier une réduction des coûts de 15 milliards de francs par an, à commencer en 2002, donc 10 000 emplois à supprimer.
Un coup de massue
Vendredi 15 juin, lors d'une assemblée, l'intersyndicale annonçait aux salariés ce qu'elle venait d'apprendre lors du Comité central d'Entreprise. Une foule attentive d'environ 500 personnes écoutait dans un silence pesant le détail du plan. Tout d'abord, 191 suppressions d'emplois, soit 15 % des effectifs, plus qu'on ne s'y attendait. Alors que la direction avait promis de ne pas entreprendre de plan de liecenciements pendant les vacances, la deuxième nouvelle tomba : le plan se fera pendant les congés. Et comme si cela ne suffisait pas, les suppressions étaient précisées par secteur sans plus de détail, laissant les salariés encore plus désemparés.
La surprise l'a emporté dans un premier temps sur la colère. Il faut dire que, trois mois auparavant, la direction annonçait encore 250 embauches et faisait construire un autre bâtiment pour accueillir les nouveaux "arrivants"
La résistance s'organise
Après un week-end où le désarroi faisait place à la colère, une assemblée était organisée le lundi 18 juin. Ce jour-là, des salariés prenaient la parole pour proposer des initiatives et exprimer leurs arguments pour refuser le plan de licenciements. Notamment, le fait qu'au cours des dix dernières années, les profits réalisés étaient qualifiés d'exceptionnels, voire même d'historiques, par la direction elle-même. Aujourd'hui, elle voudrait nous faire croire que le marché des télécoms est "sinistré" parce qu'elle prévoit des profits en baisse ou quelques pertes dans les deux ans ! Et elle a le culot de vouloir nous le faire payer alors qu'elle annonce que les affaires vont reprendre dès 2003 !
Une manifestation hors de l'entreprise était alors décidée afin de faire connaître notre situation. Bon nombre de salariés décidaient de mettre la main à la pâte et investissaient les locaux syndicaux pour y faire des affiches, des banderoles...
Jeudi 21 juin, à 14 heures, nous nous retrouvions environ 400 (sur 950) à manifester dans les rues de Massy. Les camarades du site de Châtenay nous rejoignaient un peu plus tard. Le défilé était animé et déterminé, bien loin de l'ambiance des premiers jours. Dans la zone industrielle, les salariés des autres sociétés nous observaient, faisant des signes de soutien, descendant dans la rue pour prendre les tracts. Des journaux et télévisions locales suivaient la manifestation, interviewaient des travailleurs, heureux de pouvoir exprimer leur colère. Certains étaient venus avec des affiches, des slogans, des tee-shirts d'Ericsson au message détourné : "Ericsson-partenaire officiel de l'ANPE", "... 1997 : bénéfices ; 1998 : bénéfices ; 1999 : bénéfices ; 2000 : bénéfices ; 2001 : 191 licenciements. NON AUX LICENCIEMENTS" et "I don't love Ericsson"
De retour à l'entreprise, la direction put entendre un long concert de tam-tams, de sonneries de portables et de slogans antilicenciement. En ce jour de la fête de la musique, rien n'était plus normal !
Suite à cette journée, la direction a évoqué la possibilité de repousser une des dates de la procédure du plan social à après les congés de septembre. C'est un premier petit recul.
Depuis la manifestation, une distribution de tracts et une pétition ont été organisées à la gare RER et dans la ville de Massy pour s'adresser aux autres travailleurs de la zone industrielle dont certains sont également touchés par des plans de licenciements (NCR, etc.). Lors du Comité central d'Entreprise du 27 juin, la direction peut tenter de débuter la procédure de plan social. Mais une journée de mobilisation est prévue pour, dans un premier temps, l'empêcher de mettre à exécution son mauvais coup pendant les congés. Rien n'est donc joué.