Le 13 juin, en fin d'après-midi, une nouvelle panne d'électricité s'est produite au Centre Hospitalier Lyon-Sud (CHLS), panne ayant les mêmes causes que celles déjà survenues en décembre 1999 et avril 2001.

Si les deux premières pannes, qui ont duré respectivement 20 minutes et 1 h 20, n'ont pas eu de conséquences sur les malades, on le doit au fait qu'elles se sont produites soit à des périodes d'activité creuses, soit au moment de chevauchement d'équipes. Ce qui fait qu'il y avait suffisamment de personnel pour ventiler les malades des blocs opératoires. Mais à chaque fois, on a quand même frôlé la catastrophe.

La dernière panne du 13 juin, qui a duré une heure, est très certainement responsable de la mort d'une patiente arrivée en urgence et qui se trouvait à ce moment-là sur la table d'opération. Les blocs opératoires du CHLS, contrairement aux services de réanimation, ne sont pas équipés en onduleurs, ces appareils permettant une autonomie électrique d'environ une heure en cas de panne d'électricité.

L'éclairage du bloc ainsi que les appareils d'anesthésie, alimentés par des batteries, ont continué à fonctionner. Par contre le bistouri électrique est devenu inutilisable, et l'aspirateur n'a été opérationnel que pour la moitié de sa capacité. La malade, qui souffrait d'une hémorragie, n'a pu être ligaturée que manuellement, ce qui prend beaucoup plus de temps. Le mauvais fonctionnement de l'aspirateur qui ne pouvait évacuer le sang correctement a gêné le geste opératoire, et elle est décédée à la fin de l'opération, qui a duré une heure.

Les trois pannes sont dues à des micro-coupures du réseau EDF. Et même si les disjoncteurs ont réagi, même si les groupes électrogènes se sont mis en route, le circuit interne de l'hôpital n'a pas pris en compte le système de relais et n'a pas été en mesure d'assurer la distribution de l'électricité sur l'ensemble de l'établissement.

Cela rappelle étrangement ce qui s'était passé à l'hôpital Edouard-Herriot (HEH) à Lyon en septembre 1998 où, là également, le système interne de sécurité n'avait pas fonctionné. A l'époque, les syndicats du CHLS avaient demandé la réunion d'un comité hygiène et sécurité extraordinaire pour connaître la situation précise de l'installation électrique de l'hôpital. C'est là qu'ils avaient appris que le système électrique de l'hôpital était géré, comme à HEH, par une entreprise privée dont les techniciens ne sont pas sur place pour intervenir immédiatement en cas de dysfonctionnement.

La direction de l'hôpital avait alors répondu qu'il n'y avait pas de risque zéro, mais qu'elle déplorait que les blocs opératoires ne soient pas équipés d'un onduleur, appareil qui avait été réclamé par l'ensemble du CHS et qui aurait dû être installé quelques mois après. Or nous sommes en 2001, et cet onduleur n'est toujours pas installé (il devrait l'être dans un mois d'après la direction !). Mais il aura fallu trois pannes et un décès pour obtenir l'installation d'un système de sécurité élémentaire ne coûtant que 450 000 F. C'est scandaleux !

Après la panne de décembre 1999, la direction générale des Hospices civils de Lyon (HCL) a bien prévu un budget de 60 à 70 millions pour revoir l'ensemble des installations électriques des hôpitaux lyonnais. Mais ces dépenses de sécurité ne seront effectives qu'en 2003 ! Car les HCL, comme tous les hôpitaux publics, sont soumis à des contraintes budgétaires drastiques du fait des restrictions imposées par la politique de santé des gouvernements, contraintes qui laissent très peu de marge de manoeuvre aux directions d'hôpitaux. Tout est compté au minimum, il faut faire des économies dans tous les domaines, et des dépenses exceptionnelles comme celles-ci ne peuvent être envisagées qu'à long terme. En attendant, ce sont les malades qui en payent les conséquences.