Lancement du TGV Med : Un train peut en cacher un autre01/06/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/06/une-1716.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Lancement du TGV Med : Un train peut en cacher un autre

A grand renfort de publicité, le président de la SNCF, Gallois, a inauguré le trajet Calais-Marseille, parcouru en moins de 3 heures et demie par le TGV, sur le tronçon de la nouvelle ligne du TGV Med, qui sera ouverte au public le 10 juin prochain. Même si ce parcours de plus de mille kilomètres à une vitesse de plus de 306 kilomètres/heure a été réalisé dans des conditions expérimentales, cette performance technique donne une idée des possibilités offertes par le rail. Mais la majorité des usagers, tout comme les cheminots, sont bien loin de bénéficier du même niveau de progrès.

A côté de quelques lignes TGV grandes lignes, prestigieuses et rentables, les usagers des trains de banlieue et des lignes secondaires sont beaucoup moins bien traités. Les trains en panne, en retard, supprimés (20 % des trains de banlieue au cours de l'année 2000 !) sont de plus en plus nombreux. Les locomotives, de quarante ans et plus, qui circulent encore et même, parfois, doivent reprendre du service parce que la SNCF fait des économies, ne sont pas rares. La régionalisation des réseaux secondaires s'est traduite par le retrait des financements de l'Etat et la dégradation du service public. Et cela au point que, par manque de matériel fiable, on procède au remplacement de certains trains régionaux par des autocars, quand les lignes - économiquement non rentables - ne sont pas purement et simplement fermées.

Non seulement le matériel vieillit sans être remplacé, mais les effectifs cheminots, à peu près complètement bloqués, ne permettent pas de faire face à la charge de travail croissante. Selon la direction elle-même, le trafic voyageurs a augmenté de 19 % en quatre ans et celui du transport de marchandises de 16 %. Pour Gallois, les solutions sont simples. Parmi elles figurent le refus de congés dus aux cheminots, les horaires décalés, le travail du week-end, les heures supplémentaires, le travail en 3x8... Bref tous les moyens sont bons pour faire pression sur les cheminots présents afin qu'ils effectuent le travail de tous ceux qu'il aurait fallu remplacer ou embaucher pour répondre aux nécessités. Car les embauches au titre des 35 heures sont restées insignifiantes : 1 500 par an sur trois ans (en sus des départs en retraite prévisibles), dont 750 de cadres !

Derrière la vitrine de prestige du TGV Med, la réalité quotidienne reste donc la dégradation des conditions de travail pour tous les cheminots et, pour les millions d'usagers non privilégiés, les rames bondées, avec des retards à répétition sur des lignes mal entretenues faute de personnel.

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