Ile de la Réunion : Après Jospin, Chirac est venu dire qu'il n'avait rien à dire... aux travailleurs25/05/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/05/une-1715.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Ile de la Réunion : Après Jospin, Chirac est venu dire qu'il n'avait rien à dire... aux travailleurs

Quelques semaines après Jospin, c'est Chirac qui est venu vanter sa politique dans l'île de la Réunion. Est-ce le mauvais temps qui régnait en France qui pousse ainsi Premier ministre et président à rechercher le soleil ? Toujours est-il qu'on avait rarement vu autant de politiciens de haut rang venir en si peu de temps fouler le sol réunionnnais.

Au cours des trois jours passés sur l'île, Chirac n'a eu d'yeux que pour le patronat. Il s'est tout d'abord félicité que le gouvernement ait reconduit la loi de défiscalisation dont il fut l'instigateur. Mais, voulant encore faire mieux que Jospin, il s'est prononcé pour que cette loi concerne à l'avenir l'ensemble des secteurs de l'activité économique, afin que ceux qui envisageraient de placer leurs gros sous dans les DOM, n'aient même pas à choisir. Concrètement, la demande de Chirac, si elle était prise en compte, aboutirait à ce que les secteurs de l'import-export et du bâtiment soient eux aussi concernés par le droit à la défiscalisation. Voilà qui va sûrement donner du baume au coeur aux ouvriers qui triment pour des salaires de misère et risquent leur santé sur les chantiers, quand ce n'est pas leur vie.

Et pour ne pas en rester là, Chirac a encore surenchéri sur son concurrent "de gauche" en demandant que la loi de défiscalisation soit maintenue pendant encore 10 à 15 ans minimum, histoire de "rassurer les investisseurs". Ouf, on tremblait pour eux !

Voulant toujours faire mieux que le gouvernement, Chirac a aussi émis l'idée qu'il serait bien que toutes les entreprises bénéficient d'une exonération totale des charges patronales concernant les cotisations sociales et maladie, pour leurs dix premiers salariés. Cette mesure, si elle était appliquée, concernait en fait toutes les entreprises réunionnaises. Le gouvernement n'avait, il est vrai, accordé le bénéfice d'une telle mesure qu'aux entreprises de moins de onze salariés et seulement pour certains secteurs économiques dits "exposés". Cela concernait déjà 90 % des entreprises réunionnaises ! Mais Chirac, le "monsieur plus" du patronat, veut encore mieux pour ses protégés.

Même quand le président dit vouloir faire du social, ce sont encore et toujours les patrons qui se frottent les mains. Concernant le RMI par exemple, Chirac dit qu'il ne s'oppose pas à l'alignement de cette allocation sur celle versée en France. Cette déclaration ne lui coûte rien, puisque de toute façon le gouvernement a prévu de la réaliser - enfin - au 1er janvier 2002. Mais Chirac a tenu tout de même à se dire inquiet des "dérives possibles" qui pourraient découler de cet alignement du RMI. Comme tant d'autres de ses congénères de droite, tel le député-maire UDF Virapoulé, il a envisagé la possibilité de reverser le montant du RMI a tout patron qui embaucherait un Rmiste à temps complet. Le RMI devenant ainsi un RMA, "Revenu Minimum d'Activité" et, par la même occasion, un nouveau moyen d'arroser directement les patrons, qui n'aurait plus à verser les salaires, puisque l'État le ferait.

Les patrons se sont dits tout à fait satisfaits des déclarations du chef de l'État, qui a repris mot pour mot leurs exigences.

Quant à Paul Vergès, président de la Région, accessoirement du Parti Communiste Réunionnais, et zélé défenseur de la loi d'Orientation (bien pourvue en aides de toutes sortes au patronat), il vient de déclarer qu'"il serait malveillant de dire que le président pense à 2002. Ce serait le soupçonner d'une vision politicienne des choses." Les propos de Vergès ne sont pas de l'humour. C'est un rappel qu'en 1995, lors de l'élection présidentielle, Vergès avait appelé à voter Chirac, alors qualifié de "candidat de l'égalité sociale" !

Partager