Concernant le plan de licenciements chez Danone, le journal Libération, comme bien d'autres il est vrai, met de l'empressement à défendre Danone et à faire des commentaires élogieux sur la famille des PDG, les Riboud, leur fibre "sociale", etc.

Serge July, patron et fondateur de Libération, dans un numéro spécial "Faut-il boycotter Danone", s'est même fendu d'un éditorial expliquant que "le boycott est stupide (...). Réussi, il risquerait de déstabiliser l'entreprise au profit de la concurrence, encouragerait la délocalisation. Ce qui reviendrait à se tirer une balle dans le pied."

C'est à peu près les arguments de Seillière, Madelin et de cet autre patron qui expliquait que lui, au contraire, pour soutenir Danone, allait manger trois fois plus de yaourts.

Il n'est peut-être pas inutile de rappeler qu'on est là presque en famille : de 1983 à 1995, la famille Riboud, avec Antoine et Jean, faisait partie des principaux actionnaires de Libération. Avec Gilbert Trigano, du Club Med, ils détenaient 45,5 % du journal. Ce qui fait que Libération était en quelque sorte un produit Danone, au même titre que les Pépito et la Badoit.

Après 1995, Libération a changé de mains. Après les Riboud, c'est la dynastie Seydoux (Groupe Chargeurs - Pathé, etc.) qui a pris la relève, renfloué le journal et qui possédait jusqu'en novembre dernier 60 % du capital de Libération et encore 20 % aujourd'hui. Comme ce monde est très petit, on retrouve justement Jérôme Seydoux au conseil d'administration de... Danone.

Lorsqu'on voit de tels liens, on comprend que la grande presse, dont Libération fait partie, n'ait pas envie de "se tirer une balle dans le pied". Ce qui veut dire que l'indépendance et la liberté de la presse, c'est surtout la liberté pour quelques grands groupes financiers de se payer des organes de presse et de communication.