Renault Le Mans (Sarthe) : Une fois de plus, la justice choisit son camp20/04/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/04/une-1710.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault Le Mans (Sarthe) : Une fois de plus, la justice choisit son camp

Le jeudi 29 mars 2001, la cour d'appel d'Angers a rendu son jugement concernant l'appel des trente-cinq travailleurs de Renault Le Mans. Non seulement les juges d'Angers ont confirmé la condamnation pour la " séquestration " de deux cadres, prononcée par le tribunal correctionnel du Mans en mai 2000 (voir LO n° 1 661), mais ils en ont rajouté une louche en infligeant une amende " délictuelle " de 1 000 francs à payer au Trésor Public.

Pour oser appeler séquestration une grève contre le licenciement d'un travailleur malade (voir LO n° 1 639) alors que les deux cadres licencieurs n'ont pas arrêté, pendant toute la journée, de communiquer avec la direction de l'usine au moyen de leur portable, il faut être juge et ne rien avoir de commun avec le monde du travail.

D'ailleurs, le 30 janvier 2001, date du procès d'appel - soit plus de quatorze mois après les faits - , de nombreux travailleurs de l'usine avaient tenu à marquer une nouvelle fois leur solidarité en débrayant et, pour plus de deux cents d'entre eux, à venir en cars à Angers pour rester toute la journée devant le tribunal.

Par cette décision, la cour d'appel d'Angers a condamné, entre autres, la solidarité ouvrière et le droit de grève. En effet, pour elle, l'action du 23 novembre 1999 " avait pour finalité de faire jouer à Renault un rôle social qui n'est pas le sien en tant qu'entreprise privée soumise aux lois du commerce et de la concurrence " (attendu du jugement). On ne peut être plus clair pour choisir son camp, celui du patronat en l'occurrence.

A la suite de ce jugement, c'est l'écoeurement qui domine. D'autant plus que quelques jours plus tard, Schweitzer, le PDG de Renault, est venu décorer de la médaille nationale du mérite le directeur de l'usine, celui-là même qui avait traité de " bandits, voyous et terroristes " tous ceux qui avaient fait grève ce 23 novembre 1999, et annoncé des poursuites. Tout cela s'est fait en grande pompe devant le préfet et les politiciens locaux.

Pour l'heure, les trente-cinq travailleurs ont déposé un pourvoi en cassation.

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