LU Château-Thierry : Les réactions à l'annonce du plan riboud06/04/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/04/une-1708.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

LU Château-Thierry : Les réactions à l'annonce du plan riboud

Sitôt le deuxième tour des élections municipales passé nous étions tous conscients que la direction de Danone allait déclarer très vite, en tout cas plus rapidement que ce qui avait été annoncé dans la presse le 10 janvier dernier, les mesures qu'elle voulait prendre pour augmenter encore ses bénéfices.

Jeudi 29 mars, à 9 heures, avait lieu à Genève le comité européen du groupe Danone et c'est à cette réunion que le couperet est tombé : 1 780 emplois supprimés en Europe dont 806 en France avec la fermeture des usines de Calais et d'Evry (Ris-Orangis), 43 licenciements à Jussy et 100 à Château-Thierry. La direction de Danone manipule les chiffres dès l'annonce de son plan en n'annonçant que 570 emplois supprimés parce qu'elle envisage de créer 160 postes à l'usine de La Haye-Fouassière (Loire-Atlantique) et 69 à Cestas (Gironde). Ces créations verront-elles le jour ? Peut-être, mais rien n'est moins sûr. En tout cas, pour le moment, ce qui est certain, c'est que 806 postes de travail vont être supprimés.

A Château-Thierry, nous avons pris connaissance de ce sale coup de Riboud en fin de matinée. Vers 13 heures, une partie de l'équipe du matin s'est retrouvée devant l'usine. La presse, la télé régionale étaient déjà là pour avoir nos impressions. Tout de suite nous avons été unanimes pour condamner ces décisions de Riboud. Certains journalistes nous faisaient remarquer que l'usine n'était pas fermée comme Calais ou Evry, espérant peut-être que nous devrions en être soulagés. Bien au contraire, nous étions décidés à rester vigilants et c'est ce qu'a déclaré l'une d'entre nous : "On a déjà vécu des restructurations il y a dix ans (256 licenciements en 1991). Si on nous enlève du monde, comment travaillera-t-on ? On ne sera alors plus compétitif et on nous dira qu'on est obligé de fermer le site ! Nous avons attendu l'équipe d'après-midi, et même si le travail a repris vers 17 heures, nous nous donnions rendez-vous le lendemain, jour de la réunion du comité central d'entreprise à Paris.

Même si certains d'entre nous regrettaient de ne pas monter à Paris ce vendredi 30 mars, il était prévu des arrêts de travail, voire plus en fonction du climat. L'équipe du matin s'est retrouvée en début de matinée pour aller défiler au centre-ville et parcourir le marché à la rencontre de la population et pour appeler à une manifestation le soir à 18 heures. Monsieur le maire "socialiste s'est rendu au-devant des LU, les assurant de son soutien. L'une d'entre nous lui a demandé pourquoi, à Calais, nos camarades avaient été officiellement mis au courant par le maire et non par le directeur de la fermeture de l'usine. Sa réponse a été des plus éloquentes. Il nous a expliqué qu'heureusement que le maire de Calais avait pris cette décision, sans quoi... "les ouvriers auraient tout cassé . Sa préoccupation majeure est donc que les ouvriers ne cassent pas tout quand Riboud jette sur le pavé 806 d'entre nous. De plus, nous avons appris avec beaucoup de joie que le directeur de Calais s'était fait chahuter et puis surtout que le chef de la production, un ancien de Château, qui nous en avait fait baver pendant plusieurs années, avait été poursuivi par le personnel et avait dû s'enfuir. Le travail n'a pas repris et à 18 heures, nous nous sommes retrouvés à la passerelle, rejoints par une partie de l'équipe du matin et des travailleurs d'autres entreprises. Au terme de cette journée nous avons manifesté à deux reprises, nous nous sommes adressés à la population qui, encore une fois, nous a montré sa solidarité.

Pour la réunion du comité d'entreprise prévu à Château le lundi 2 avril, beaucoup avaient le sentiment que rien d'important n'allait se jouer là et le coeur n'y était pas. Mais tout le monde se préparait à la manifestation du 6 avril, pour l'ensemble des LU à Paris, où nous aurions pu défiler avec nos camarades des autres usines comme prévu. Or nous venons d'apprendre que les responsables syndicaux fédéraux ajournent ce projet au 12 avril, préférant, visiblement, remettre une initiative centrale à une période où l'émotion serait retombée.

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