Le service chargé de la vente des actions de France Télécom se situe à Lognes, une des communes de Marne-la-Vallée, dans l'Est parisien. Il réunit une centaine de personnes, dont l'activité est celle d'un centre d'appels - c'est-à-dire d'un de ces nouveaux services en pleine expansion, où le personnel est regroupé pour répondre aux appels aiguillés vers lui depuis l'ensemble de la France. La proportion de personnes ayant le statut de fonctionnaire y est très faible, la majeure partie du personnel étant composée de CDD ou d'intérimaires qui changent souvent. C'est un personnel à 90 % féminin.

Nous sommes soumises aux règles des centres d'appels. On voudrait que nous soyons flexibles, que nous respections le "juste-à-temps , la "qualité totale , avec un esprit de "responsabilisation et d'autonomie .

Tout cela est contrôlé en permanence. Tous les appels sont identifiés et leur origine est connue. Ils sont surveillés par un superviseur, qui est là pour nous rappeler de ne pas oublier de dire "de la part de France Télécom ou "Excellente journée de la part de France Télécom . Et s'il nous arrive d'être agressées verbalement au téléphone par certains clients, nous devons encaisser sans rien dire d'autre que les mêmes ritournelles !

Le rythme des appels et le travail répétitif font que des employées sont prises de malaise ou de crises, ne pouvant plus supporter le stress que France Télécom leur impose. Il a même fallu improviser un espace sanitaire entre deux portes d'un couloir pour venir en aide à une de nos collègues. Et la responsable ne trouvait rien d'autre à nous dire que ce n'était rien...

Mais parfois la direction pense à nous. A l'occasion de la mise en vente des actions Orange, nous avons eu droit à des vraies... oranges. Mais, pas plus d'une par personne. Nous en avons même eu en peluche.

Depuis, vu le peu d'empressement des petits porteurs pour acheter des actions Orange, on cherche à nous trouver d'autres activités pour remplacer la vente des actions. Et cela ne facilite pas notre travail, puisque nous sommes obligées de traiter des appels de types différents, mais toujours au même rythme, sans interruption entre les appels.

A trop presser les oranges, il pourrait y avoir de méchantes éclaboussures...