On nous a rebattu les oreilles sur les bienfaits de la concurrence dans les télécommunications qui devait amener des baisses de prix. Eh bien, on constate le contraire. Les trois opérateurs français de téléphonie mobile, France Télécom, SFR et Bouygues Télécom s'entendent comme larrons en foire pour augmenter leurs tarifs.

Après Bouygues Télécom qui a augmenté ses forfaits de 10 F, c'est SFR (filiale de Vivendi), le deuxième opérateur de téléphone mobile français, qui vient d'augmenter les siens en moyenne de 5,5 %. Il prétend inclure dans cette hausse 10 "textos" (courts messages de texte envoyés par mobile) payés 1 F chacun auparavant. Cela ne consolera pas ceux qui n'utilisent pas de "textos". Mais même pour ceux qui les utilisent, ces 10 F d'économies sont de toute façon rattrapés par des hausses de 14 F à 44 F pour la plupart des forfaits. Si vous n'êtes pas contents, vous pouvez toujours envoyer un texto à votre opérateur !

Cette hausse déguisée n'est pas une première. C'est même la règle. La jungle des tarifs dans la téléphonie, où il devient impossible de comprendre sa facture, entre l'abonnement, la facturation à la minute, le crédit-temps, etc., est un moyen commode de contraindre les usagers à passer à la caisse, sans rien y comprendre. Et les remises annoncées dans un domaine sont largement compensées par une augmentation dans un autre secteur.

Par exemple, Cégétel avait proclamé une baisse des appels pour ses postes fixes. Mais en même temps il a réduit le crédit-temps de une minute à trente secondes. Le résultat est une augmentation pour presque tout le monde. France Télécom, lui, a annoncé une baisse des appels locaux, en échange d'une hausse de 6 % de l'abonnement mensuel.

Pas étonnant que les profits de ces géants des télécommunications progressent. D'autant plus que, jusque-là, ces trusts ont bénéficié d'infrastructures construites et financées par l'État (le réseau de fibres optiques de la SNCF pour SFR, le réseau autoroutier pour Bouygues).

Faire les poches des clients pendant qu'ils ont les mains occupées à téléphoner, c'est simple comme un coup de fil, disons plutôt comme un coup de Jarnac.