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- Lutte ouvrière n°1705
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Belgique : Non aux suppressions d'emplois d'Usinor !
Usinor, qui avait racheté en 1998 les entreprises sidérurgiques Cockerill et la Fafer à Charleroi et Cockerill à Liège, annonce maintenant sa fusion avec les sidérurgistes luxembourgeois Arbed et espagnol Aceralia. Ce groupe deviendrait la plus grosse firme sidérurgique mondiale.
Dans la foulée de l'annonce de cette fusion, comme une évidence naturelle, le PDG d'Usinor a annoncé plusieurs milliers de suppressions d'emplois. Il vise notamment la ligne chaude de Cockerill à Charleroi, où travaillent 1 500 personnes. Cette annonce de fusion et de réduction d'effectifs a fait monter les cours des actions d'Usinor de 12 % !
Les travailleurs de Cockerill à Charleroi sont d'autant plus choqués qu'on leur avait présenté Usinor en 1998 comme un sauveur qui allait amener des investissements dans des outils assez anciens et en partie délabrés. Le rachat par Usinor était présenté comme la solution pour maintenir l'activité sidérurgique à Charleroi, alors que la région connaît un taux de chômage qui dépasse les 30 %. Les travailleurs de l'usine voisine, Industeel, anciennement Fafer, sont eux aussi en colère. Depuis 1998 c'est une filiale d'Usinor, elle est spécialisée dans la fabrication de l'inox. C'était la seule usine sidérurgique en Belgique qui n'avait pas connu des suppressions d'emplois massifs et qui annonçait toujours des bénéfices. Mais après le rachat par Usinor l'ex-Fafer a commencé à afficher des déficits ! Les travailleurs savent très bien, par la fatigue à la fin de la journée, que la production n'a pas baissé et que les expéditions de tôles n'ont pas diminué. En attendant, ce bilan soi-disant négatif a déjà servi de prétexte au renvoi des intérimaires et à la menace d'une suppression de 10 à 15 % des emplois sur 1 200 environ actuellement.
Pour beaucoup de travailleurs de la sidérurgie, il est clair que dans cette fusion ce sont encore leurs intérêts qui vont être sacrifiés pour augmenter les profits et les revenus des actionnaires.
Mais les travailleurs sont aussi en colère contre leurs syndicats, qu'ils sentent plus pressés de rassurer les patrons que de mobiliser des travailleurs. A l'AG du 2 mars à Charleroi, aucune action n'a été annoncée. De plus, les orateurs syndicaux insistaient plus sur les différences entre les différents sites concernés que sur de possibles objectifs communs pour la lutte. Beaucoup des ouvriers présents sont partis de là le poing serré dans la poche.
Le jeudi 7 mars, une autre AG a eu lieu à Industeel. Les délégués syndicaux ont voulu temporiser, mais les travailleurs ont débrayé et sont allés eux-mêmes chercher ceux d'ex- Cockerill. Par cette initiative, ils ont imposé une première grève de 24 heures. Une autre journée de grève avec manifestation des travailleurs de Charleroi et de Liège est maintenant prévue pour jeudi 14 mars, pendant que les services publics vont manifester mercredi 13.
En effet, l'annonce de suppressions d'emplois dans la sidérurgie tombe à un moment où l'Etat belge prépare une restructuration en profondeur dans l'administration publique avec des suppressions d'emplois, où la Poste a prévu une réduction de 13 000 emplois, où Belgacom veut se débarrasser de 4 000 employés afin de trouver acheteur pour les 50 % d'actions encore entre les mains de l'Etat, où Electrabel veut envoyer 2 200 travailleurs en prépension pour se préparer à la libéralisation du marché de l'électricité, où la Sabena supprime 800 emplois suite aux difficultés de la société suisse qui la dirige et où Continental, une firme qui produit des pneus pour camions, licencie 700 travailleurs.
Il y aurait donc nécessité de mettre sur pied une grande mobilisation de l'ensemble des travailleurs pour faire reculer et les patrons privés et l'Etat.
Mais comme les directions syndicales ne s'engagent pas dans cette direction, il faudra que l'initiative vienne des travailleurs eux-mêmes. Les travailleurs de la Fafer ont fait un premier pas dans cette direction. Il sera important de ne pas s'arrêter là.