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Leur société
Trusts pharmaceutiques : Des profits insolents
Les groupes pharmaceutiques européens annoncent leurs résultats pour l'année 2000. Chez tous, c'est l'explosion des profits. GlaxoSmithKline empoche 58 milliards de francs (+13 %), Roche 36,5 (+50 %), Novartis 30,6 (+9 %), AstraZeneca 29 (+15,6 %), Pharmacia 13,3 (+33 %), Aventis 7,58 (+63 %), Sanofi- Synthélabo 6,5 (+58 %).
Ces groupes, issus de rapprochements et de fusions tous azimuts au cours de ces dernières années, ont pu réaliser des "économies d'échelle", comme ils disent. Ils ont supprimé les "doublons", rationalisé à leur manière, restructuré, fermé des sites ce qui signifie surtout des emplois supprimés par dizaines de milliers et des conditions de travail aggravées pour ceux qui restent. Les résultats sont là, en milliards et dizaines de milliards de profits.
Le secteur qui s'est révélé le plus rentable pour ces trusts est celui de la fabrication de médicaments, c'est là-dessus qu'ils se sont concentrés, laissant bien souvent tomber des activités moins rentables, mais pas forcément moins utiles, dans les secteurs vétérinaire ou agronomique.
Dans le secteur pharmaceutique proprement dit, ces trusts ont appliqué les mêmes recettes, réduisant les délais de mise sur le marché, se concentrant sur la commercialisation des produits innovants, quitte à laisser le plus gros de la recherche à des petites entreprises pilotes ou à des sous-traitants. Une des "têtes" d'Aventis, Pharma, le dit sans complexe : "L'innovation en soi ne fait pas beaucoup de différence. C'est la mise en oeuvre et l'introduction de l'innovation sur le marché qui comptent."
Et le marché pour lequel travaillent ces géants du profit, ce n'est pas celui de l'ensemble des femmes et des hommes qui peuplent la planète, mais celui du petit groupe des pays riches, dont la population est en majorité solvable. C'est ainsi que 80 % des médicaments antidouleurs, administrés notamment pour les cancers, sont consommés dans seulement dix pays.
Alors, les médias peuvent parler de la "santé" des groupes pharmaceutiques. L'expression cache mal la réalité sinistre d'un monde où plus des trois quarts des hommes, du fait de leur pauvreté, n'ont aucun accès aux médicaments.