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Leur société
Politiciens : Les verts n'en finissent pas de mûrir
Dominique Voynet jette l'éponge. Elle abandonnera son poste de ministre de l'Environnement cet été, et elle renonce à la candidature à la candidature pour l'élection présidentielle, laissant le champ libre à son piaffant rival Noël Mamère, qui n'a plus, pour l'instant, de concurrent sérieux.
Successivement compagnon de route de Bernard Tapie, de Brice Lalonde et de Daniel Cohn-Bendit, le maire de Bègles avait décidé il y a quelques mois, au moment du congrès des Verts tenu à l'automne, de postuler à ce rôle. Un parcours tortueux, mais qui obéit à une logique qui situe parfaitement les Verts.
Le double renoncement de Dominique Voynet, salué par les commentateurs comme "lucide et courageux" lui permettrait, dit-on, de briguer désormais le poste de secrétaire générale des Verts, intronisée à l'avance par Mamère, son vainqueur par forfait qui, non sans une certaine condescendance, déclare que "Dominique Voynet a toutes les qualités pour restructurer le parti."
Si Dominique Voynet renonce à se présenter aux présidentielles, ce n'est pas, dit-elle, pour éviter à son parti une guerre fratricide de plus, ce serait pour l'aider "à grandir et à mûrir" car, ajoute-t-elle, "les Verts ne doivent plus être ce petit plus du second tour".
Et pourtant c'est, et ce sera, perpétuellement leur problème. Car ils n'ont pas d'autre possibilité d'accès aux responsabilités gouvernementales ou locales. Or c'est la principale, sinon la seule, ambition des dirigeants qui s'affrontent à leur direction. Pour cela il leur faut trouver des alliés qui les acceptent comme force d'appoint et leur libèrent quelques places.
Aujourd'hui ils s'affichent comme une composante de la "gauche plurielle", hier, derrière Waechter, ils s'affirmaient des champions du "ni-ni", c'est-à-dire "ni de droite ni de gauche". Quant à Brice Lalonde, il est passé à la pratique en devenant, tour à tour, ministre avec les socialistes, puis chargé de mission de Balladur, pour finir comme allié de Madelin. En supposant que la trajectoire d'un tel objet politique si difficile à identifier s'en arrête là...
Et demain ?
Par-delà leur guerre des chefs, le turn-over de leurs porte-parole et de leurs leaders qui en a résulté, par-delà les changements d'étiquettes et la variation multiple de leurs choix et de leurs alliances tactiques, les Verts peuvent se flatter d'une constante dans la réalisation de leurs ambitions. Ou plutôt des ambitions de ceux qui ont fait de ce parti un tremplin pour la réalisation de leur ambition.
A cet égard Noël Mamère n'est pas du tout à contre-emploi.