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- Lutte ouvrière n°1702
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Editorial
Les travailleurs doivent exiger une autre politique
La portée des élections municipales du 11 mars prochain dépasse de beaucoup les problèmes de la gestion communale car il est évident que les partis de droite, comme ceux de la gauche gouvernementale, utiliseront les résultats de ces élections pour en tirer des conclusions à l'échelle nationale.
Si la droite progressait à l'issue de ce scrutin, elle ne manquerait pas d'affirmer que la population désire son retour au gouvernement, pour y continuer la politique qui a été marquée, entre autres choses, par les premières attaques contre la retraite à soixante ans sous le gouvernement Balladur, et par le plan Juppé.
Si c'est la gauche gouvernementale qui l'emporte, elle présentera son succès comme la preuve que la population est satisfaite de la politique menée par Jospin depuis 1997, politique illustrée par des cadeaux fiscaux faits aux entreprises, aux plus riches, et par une loi sur les 35 heures qui a permis au patronat de généraliser l'annualisation du temps de travail et la flexibilité des horaires, ainsi que d'étendre considérablement le travail de nuit (y compris pour les femmes) et les samedis travaillés.
Et si le chômage a un peu reculé ces deux dernières années, cela s'est accompagné d'une augmentation des emplois précaires, des temps partiels non désirés, qui fait que le nombre de travailleurs percevant un salaire inférieur au SMIC mensuel s'est encore accru. En outre, de Michelin à Danone et d'Alstom à Unilever, des suppressions massives d'emplois ont encore été annoncées dans des entreprises pourtant largement bénéficiaires, sans que le gouvernement fasse quoi que ce soit pour s'y opposer.
Pendant ce temps-là, les services publics n'ont cessé de se dégrader, faute de personnel et de matériel dans les hôpitaux, faute d'enseignants dans l'Education nationale, du fait des réductions d'effectifs un peu partout. Car on ne peut pas à la fois distribuer des aides et des subventions à des entreprises par ailleurs florissantes, et consacrer les sommes nécessaires aux services publics.
Durant ces quatre années de gouvernement de la "gauche plurielle", la machine à enrichir encore plus les plus riches en appauvrissant la population laborieuse, a continué à fonctionner comme sous la droite.
Alors, voter pour une municipalité ou une liste solidaire de la "gauche plurielle", quelle que soit la manière dont elle gérerait la commune, ce serait décerner un satisfecit à ce gouvernement qui se dit de gauche et qui, comme la droite, est avant tout soucieux de défendre les intérêts de la bourgeoisie. D'ailleurs les affaires de toute sorte dans lesquelles sont compromis des ministres ou des anciens ministres qui se disent de gauche montrent combien ces gens-là sont liés de mille manières au monde des possédants.
Depuis des années, l'alternance de la droite et de la gauche gouvernementale au pouvoir ne change rien pour la population laborieuse. Eh bien, il faut un autre choix pour les travailleurs. Il faut dire que nous exigeons une autre politique :
- la réquisition des entreprises qui font des bénéfices et suppriment des emplois,
- l'arrêt des cadeaux de toute sorte aux grandes entreprises,
- la diminution des impôts payés par les salariés et une taxation accrue des impôts sur les bénéfices des sociétés et sur les revenus du capital,
- la création des emplois nécessaires dans les services publics et les collectivités,
- la revalorisation des bas salaires, des pensions et des retraites.
C'est pour permettre aux travailleurs de dire cela que Lutte Ouvrière présentera des listes dans une centaine de grandes villes du pays. Et plus les travailleurs seront nombreux à voter pour elles, plus le patronat et le gouvernement devront tenir compte du fait qu'il existe dans le monde du travail des centaines de milliers d'hommes et de femmes décidés à faire que cela change !