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Dans le monde
Irak : Bombes américaines pour le peuple irakien
Il n'aura pas fallu attendre longtemps, après l'arrivée à la Maison-Blanche de George W. Bush, pour que celui-ci montre son autorité de la façon dont les présidents américains ont maintenant l'habitude de le faire : en envoyant leurs avions bombarder l'Irak.
Vendredi 16 février, des bombardements anglo-américains sur Bagdad ont fait deux morts et une vingtaine de blessés parmi les civils. Officiellement, selon l'état-major américain, il s'agissait de détruire des bases de DCA et des radars qui, paraît-il, "menaçaient" les avions de la coalition occidentale, et de lancer un avertissement au régime irakien pour qu'il ne reconstitue pas son armement.
On ne peut croire un instant que l'Irak soit une menace pour l'armée de la première puissance mondiale, encore moins quand on considère l'état de pénurie qui frappe ce pays depuis la fin de la Guerre du Golfe ! Mais il faut bien montrer que l'armée US est toujours sur le qui-vive et prête à frapper, quitte à prétendre que l'Irak envisage de "rebâtir ses capacités nucléaires ou ses armes de destruction massive", comme l'a fait le vice-président Dick Cheney. Et il faut aussi que le président Bush, nouvellement élu, fasse vis-à-vis de son opinion publique la démonstration qu'il est déterminé à combattre tout ce qu'il désigne comme les ennemis de l'Amérique. Bush lui-même l'a dit, il s'agissait là en somme d'une "mission de routine", puisque pour les dirigeants américains, aller bombarder un pays comme l'Irak fait partie de la routine, de ces choses que l'on peut se permettre au mépris de toutes les règles internationales qu'ils invoquent quand cela les arrange.
Depuis dix ans, en effet, l'aviation anglo-américaine, qui contrôle la majeure partie de l'espace aérien de l'Irak, n'a pas cessé les bombardements. En décembre 1998, l'opération "Renard du désert" avait vu quatre jours de bombardements intensifs sous le prétexte d'obliger Saddam Hussein à laisser les inspecteurs de l'ONU contrôler un site déclaré suspect. Depuis cette date, il y a eu une centaine d'autres raids aériens, sur le nord et le sud du pays, soit un par semaine en moyenne. Et si officiellement ils visent des objectifs militaires, dans tous les cas c'est la population qui en est victime, sans que cela ébranle le régime. Tout comme elle est victime de la politique de sanctions et de l'embargo décrétés par les vainqueurs même s'il s'est un peu assoupli depuis 1996.
Les Etats-Unis et leurs alliés continuent à faire payer à la population irakienne le fait que Saddam Hussein, il y a dix ans, ait osé s'en prendre aux réserves pétrolières du Koweit. La poursuite des bombardements sur l'Irak comme la situation de famine dans laquelle l'embargo occidental maintient le peuple irakien sont là pour rappeler à tous les peuples de cette région qu'il ne faut pas toucher au contrôle des puissances impérialistes sur le Moyen-Orient, et en particulier sur ses ressources pétrolières.