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- Lutte ouvrière n°1698
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Dans les entreprises
Snecma Corbeil (91) : - Des syndicalistes aux méthodes de patrons
Le 3 août dernier le directeur CFDT du CE de la Snecma Corbeil convoquait une salariée à un entretien préalable en vue d'un licenciement, sous le pretexte d'un arrêt maladie au moment des congés. S'il avait gain de cause, ce serait le 4e licenciement en quatorze mois.
L'émotion était grande, du coup la CGT des employés du CE appelait les salariés CE et Snecma à accompagner cette camarade et à exprimer leur indignation contre les méthodes du directeur du CE.
Pendant deux heures les personnes présentes dirent leur détermination à ne plus accepter de tels licenciements. La discussion aboutit à ce que le directeur du CE s'engage par écrit à ne pas prendre de sanctions.
Ce fut un grand soulagement pour tous. On pensait que la raison l'avait finalement emporté et que les syndicalistes qui dirigent le CE allaient cesser de se comporter comme des patrons de combat.
Mais l'équipe CFDT du CE n'avait pas dit son dernier mot. Des tracts vengeurs furent publiés accusant la CGT de terrorisme envers le directeur du CE, la traitant de "fasciste-stalinien" et d'avoir mené une action commando "stalino-trotskiste".
La salariée du CE accusée préférait donner sa démission, la CFDT la traîna dans la boue dans ses tracts l'accusant publiquement, entre autres calomnies, d'avoir profité à des fins personnelles de sa fonction au CE.
Mais l'affaire ne s'arrêta pas là. S'appuyant sur un rapport d'huissier qu'elle avait fait venir au moment de l'action contre le licenciement, la CFDT, par l'intermédiaire du directeur du CE, portait plainte contre dix-huit des participants.
Parmi eux trois salariés du CE pour lesquels des procédures de licenciement étaient engagées. Devant la réprobation des travailleurs de l'usine et les débrayages, la CFDT arrêtait la procédure, mais annonçait que ce serait à revoir après le procés!
La proximité des élections professionnelles qui doivent avoir lieu en janvier 2001 n'est sans doute pas pour rien dans son attitude.
Depuis, la CFDT s'est livrée à une véritable campagne de manipulation de l'opinion contre la CGT. Parallèlement elle a mis en place une procédure juridique pour empêcher le juge de classer "sans suite" le dossier, l'avocat suivant l'affaire étant un des principaux avocats de la confédération CFDT.
En guise de cadeau de Noël, les dix-huit travailleurs poursuivis, soigneusement choisis pour être la plupart syndiqués et délégués de la CGT, ont reçu un avis de mise en examen pour "séquestration, menaces de mort et extorsion de consentement en bande organisée". Pas moins!
C'est le monde à l'envers! Alors que les dirigeants de la CFDT de Corbeil s'en prennent aux travailleurs, multiplient les procédures disciplinaires et vont jusqu'au licenciement, ils tentent de se faire passer pour des victimes allant jusqu'à dire que ceux qui se défendent, ou sont solidaires des travailleurs, se comportent en "criminels".
On voit assez fréquemment lors des conflits sociaux les patrons engager des poursuites judiciaires contre les salariés, cherchant à assimiler devant les tribunaux l'action collective des travailleurs à des agissements de bande organisée. Les dirigeants de la CFDT de Corbeil par cette procédure s'inscrivent dans cette démarche antiouvrière dont les conséquences peuvent être lourdes.
Les trois salariés du CE sont eux directement menacés, mais de plus un jugement en faveur du CE de Corbeil pourrait être une aubaine pour le patronat dans sa recherche de moyens juridiques contre les actions des travailleurs et les militants syndicaux, quelle que soit l'étiquette.
Dans l'usine de Corbeil, malgré la campagne haineuse de la CFDT contre la CGT, qui vise à faire croire qu'il ne s'agit que d'un conflit entre les syndicats, beaucoup de salariés prennent conscience de la gravité d'une pareille affaire et expriment leur soutien aux militants poursuivis.