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Dans les entreprises
Danone : Des licenciements pour sucrer davantage les actionnaires
Des salariés venus de différentes usines LU appartenant au groupe Danone ont manifesté jeudi 18 janvier pour s'opposer aux trois mille licenciements, dont mille sept cents en France, annoncés dans le but d'améliorer encore la rentabilité pour les actionnaires.
La direction de Danone prétend qu'"il n'y a pas de plan" de fermetures d'usines, tout au plus "des études sur la rentabilisation et l'optimisation de nos lignes de production de biscuits". Selon la presse, la direction donnera le résultat de ces déjà trop fameuses études le 15 avril, donc après les élections municipales. Ce calendrier souligne que les fermetures d'usines projetées constituent non seulement des attaques en règle contre ceux qui y travaillent, mais qu'elles porteront aussi atteinte aux conditions de vie de bien d'autres habitants des communes concernées. Les conséquences catastrophiques des licenciements sur la vie d'une commune, voire sur celle d'une région entière, ne comptent pas face au souci des dirigeants de Danone de faire gagner encore plus d'argent aux actionnaires et d'en attirer de nouveaux par des promesses alléchantes.
Pour ce "travail", le PDG de Danone est rémunéré 6 à 8 millions de francs par mois. La santé financière du groupe est florissante, avec un bénéfice de 4,5 milliards de francs et une progression des ventes pour les neuf premiers mois de 2000 qui dépasse 7 %. Seulement, les produits laitiers et les eaux minérales rapportent tellement d'argent qu'en comparaison les bénéfices sur les biscuits sont jugés trop fades. De là à licencier trois mille personnes en Italie, en France et en Belgique, il n'y a qu'un pas.
A ce diktat d'une minorité richissime, le directeur des ressources humaines de Danone a ajouté une couche d'hypocrisie en déclarant : "C'est un procès d'intention qui nous est fait. Pourquoi changerions-nous brutalement de politique sociale ? Nous comprenons l'émotion des salariés et nous la partageons. Il est particulièrement insupportable de lire dans un journal que son usine peut être fermée."
Or Danone n'en est pas à un coup d'essai. Il n'y a pas si longtemps, en 1998, la direction, qui était en train de se débarrasser de sa filiale BSN-Emballages après y avoir supprimé des emplois, se félicitait d'une augmentation de la rentabilité résultant pour une part de "la cession d'activités moins rentables que la moyenne".
La même année, cent quatre-vingt-douze salariées de Marie Surgelés - une filiale de Danone implantée en Ille-et-Vilaine à coups de subventions publiques - avaient lutté jusqu'au bout contre les licenciements. La direction était finalement parvenue à ses fins en transférant la production dans une usine des Deux-Sèvres où les salaires étaient inférieurs. Peu de temps avant leur lettre de licenciement, les salariées avaient reçu, avec le montant de leur participation aux bénéfices, une missive où elles avaient pu lire : "Le résultat de l'entreprise s'est effectivement amélioré grâce au travail de tous." Dans le genre cynique, Danone rivalise avec bien d'autres patrons, dont Michelin. Que Jean Riboud, oncle du PDG actuel, ait été l'ami de Mitterrand ne change rien à l'affaire car les Mitterrand, comme aujourd'hui les Jospin, savent servir le grand patronat. Quand ces gens-là ne se déclarent pas impuissants, ils soutiennent carrément les projets patronaux, comme vient de le faire Guigou, ministre de l'Emploi.
Les dirigeants de Danone savent qu'ils n'ont rien à craindre des réactions du gouvernement, mais ils craignent celles des travailleurs. Dans une note interne de la direction publiée par la presse, il est fait état d'un risque de réaction d'ensemble des salariés du groupe. Souhaitons que ce risque pèse de plus en plus, au-delà même des prévisions de la direction de Danone, à l'encontre de toutes les entreprises qui font des bénéfices et qui ont dans leurs cartons ou dans un fichier d'ordinateur des plans de licenciements. Le gouvernement aussi devra alors en tenir compte.