L'éditorial d'Arlette LAGUILLER : Levons-nous tous contre Danone... et les attaques du grand patronat !19/01/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/01/une-1697.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Editorial

L'éditorial d'Arlette LAGUILLER : Levons-nous tous contre Danone... et les attaques du grand patronat !

(Editorial des bulletins d'entreprise du 15 janvier 2001)

Dans le concert de commentaires visant à faire croire qu'avec la reprise économique tout va pour le mieux, et que le problème du chômage sera rapidement réglé, l'annonce par la presse d'un plan de 3 000 licenciements dans le groupe Danone, dont 1 700 en France, a fait l'effet d'une fausse note.

Danone n'a pas confirmé ces chiffres, mais ne les a pas non plus démentis, et a reconnu qu'il préparait une "ample" restructuration de sa branche biscuits et que des fermetures de sites "n'étaient pas exclues". Ce qui revient à confirmer que de nombreuses suppressions d'emplois sont envisagées.

Pourtant Danone fait des bénéfices, y compris dans le secteur menacé de la biscuiterie, où les profits ont représenté au cours de la dernière année 7,9 %. Mais pour la direction du groupe ce taux est insuffisant en comparaison des 10,95 % que rapportent les produits laitiers, et des 12,34 % des eaux minérales. Et c'est pour augmenter les profits de la biscuiterie, et satisfaire ainsi ses actionnaires, qu'elle veut faire effectuer le même travail par des effectifs plus faibles, et donc licencier.

Ce faisant, Danone ne fait qu'appliquer la même recette qu'utilisent depuis des années les innombrables entreprises qui ont licencié, alors même qu'elles accumulaient des bénéfices.

En octobre 1999, Jospin s'était déclaré impuissant à empêcher Michelin de réduire les effectifs du groupe, alors qu'il venait d'annoncer des bénéfices en hausse. Aujourd'hui, les responsables du gouvernement n'envisagent pas plus de s'opposer au plan de Danone. D'après Le Journal du Dimanche, Jean Le Garrec a exprimé au nom de la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale le désir que les dirigeants de Danone se comportent en "citoyens conscients" et a lancé "un appel à (leur) raison". Et au ministère de l'Emploi, dirigé par Elizabeth Guigou, on affirmerait que "Danone a tout à fait le droit de s'interroger sur sa restructuration", et que la fuite concernant ce plan "ne va que compliquer le traitement de cette question".

Mais il n'est pas vrai que ce gouvernement soit impuissant. Il pourrait prendre des mesures de rétorsion contre Danone, menacer de réquisitionner l'entreprise si ce plan était maintenu, ou à tout le moins menacer de supprimer toutes les aides de l'Etat à Danone.

En décembre, par exemple, le Conseil régional d'Ile-de-France (dirigé, comme le gouvernement, par la "gauche plurielle") a voté une subvention de 10 millions à Danone pour l'aider à implanter un centre de recherche à Palaiseau. Mais personne ne menace aujourd'hui Danone de revenir sur cette mesure s'il procède à des suppressions d'emplois.

La vérité est que ce gouvernement qui se dit de gauche est tout autant au service de la grande bourgeoisie que la droite à qui il a succédé.

Le patronat n'a qu'un but, toujours plus de profits, toujours plus de sacrifices à imposer aux travailleurs pour augmenter ses profits. Après s'en être pris, avec le PARE, aux droits des chômeurs, les patrons, qui voient pourtant leur fortune se multiplier au long des années, ont entrepris de s'attaquer aux retraites. S'ils réussissent, il faudra travailler jusqu'à 70 ans pour bénéficier d'une retraite entière, et crever de misère si on ne tient pas au travail jusqu'à cet âge-là.

Les travailleurs de chez Danone, notamment ceux de l'usine de Calais, qui sont entrés en lutte dès l'annonce du plan de licenciements, ont eu raison. Ce n'est que par la lutte que l'on pourra contraindre le patronat à reculer. Et par une lutte d'ensemble de toute la classe ouvrière, que les organisations syndicales devraient s'employer dès maintenant à préparer et à organiser.

Mais, à défaut de suffire pour faire reculer le patronat, les prochaines élections municipales pourront déjà nous permettre de montrer aux politiciens de droite, comme à ceux de la "gauche plurielle", que dans le monde du travail la colère contre le grand patronat et les politiciens à son service ne cesse de grandir. Et qu'elle pourrait bien finir par exploser.

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